C’est avec ces deux disques, numérotés 54 et 55, que s’achève l’intégrale des cantates sacrées débutée par Masaaki Suzuki et ses musiciens en 1995. Durant ces dix-huit années, le chef s’est montré fidèle à un lieu unique (une chapelle de Kobé) et à une équipe plutôt stable même si les chanteurs solistes japonais des premiers volumes ont cependant vite cédé la place à leurs homologues européens. Aux côtés de l’inoxydable Peter Kooij, se sont notamment imposés, avec des bonheurs divers, Robin Blaze et Gerd Türk.

Que retenir d’une telle aventure, envisagée avec circonspection à ses débuts ? Il faut certes reconnaître certaines déceptions et une impression de routine à l’écoute de quelques volumes. Mais il faut aussi se réjouir du formidable niveau du Bach Collegium Japan qui n’a rien à envier aux ensembles baroques les plus en vue comme le rappellent ces deux disques. Et puis il faut saluer la pénétrante compréhension de cette musique par Masaaki Suzuki qui sait toujours en proposer une lecture d’une rare lisibilité (l’étourdissant choeur introductif de BWV 100) et choisir un ton adapté (l’alacrité du choeur de BWV 197 ou le tendre sommeil de l’air d’alto de la même).

Aussi, si on a pu regretter la relative tiédeur de quelques albums récents, on se doit d’accueillir ces deux derniers avec enthousiasme : comment en effet ne pas se sentir pousser des ailes à l’écoute de ces ensembles convaincus (BWV69 et 30) ou de ces airs entonnés avec une telle assurance (BWV 30/4 et 30/10) ? Pour leurs adieux, Masaaki Suzuki et les siens partent la tête haute.

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