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Diapason # 640 (11/2015)
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Harmonia Mundi
HMC902221




Code-barres / Barcode : 3149020222126

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Analyste: Roger‑Claude Travers

Le programme savant et multicolore imaginé par les Incogniti riposte au brûlot satirique Il teatro alla moda : d'une plume rageuse, Benedetto Marcello y fustigeait les us musicaux à Venise vers 1720 et le compositeur à la mode, Vivaldi évidemment. Ce que le patricien lui reproche est ce qui fait la sève de son oeuvre, proclame Amandine Beyer, en s'engouffrant, plage 1, dans la tonitruante Sinfonia de L'Olimpiade, torrent de basses grondantes et frénétiques. Chez le Vénitien, tout est spectacle. Mais réduire l'intensité expressive à la posture théâtrale du musicien est un piège dans lequel Amandine ne tombe pas. Elle pénètre dans les méandres du processus créatif de Vivaldi, si soucieux de plaire, en une approche naturelle et sincère, où rien n'est forcé. Tout coule de source. Goûter aux infinies couleurs de ses concertos est à ce prix. Écoutez, par exemple, le finale du concerto composé tout exprès pour le violoniste saxon Pisendel. Tout avance dans une fuite, éperdue, digne de celle de la bête traquée dans La Chasse. Guettée, cajolée par ses Incogniti affûtés et précis, à un instrument par partie, la soliste mime la scène en une ligne de violon très souple, qui n'accroche jamais. Le temps d'un concerto, l'archet raconte une histoire, avec ses digressions, ses rebondissements et son moment d'intimité, le Iargo, invitation à l'émotion mélodique et à l’abandon ornemental. Surprendre, toujours, comme ce coup de théâtre dans le troisième solo du premier Allegro du RV 391 pour violon « discordé ». Le chant lyrique d'un violon émerge étrangement de l'orchestre et couvre les arpèges haletants du soliste, apportant l'apaisement au héros exalté. Mais que serait un opéra pour archet sans une scène burlesque? Vivaldi joue avec les timbres jusqu'à l'absurde avec le violon in tromba ‑ comprenez un violon au chevalet trafiqué pour qu'il sonne comme une trompette, fabriqué spécialement pour La Pietà. Rustique, rauque, animal sont les qualificatifs qui viennent à l'esprit en écoutant un improbable accord râpeux de ce monstre dans les thèmes de chasse des allegros du RV313, à ce jour inédit. Joué piano dans L’Andante, il produit un murmure sourd, imprécis et fragile, presque inquiétant... et tellement théâtral !     

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