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Diapason # 618 (11/2013)
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DHM
 DHM3748742




Code-barres / Barcode : 0888837487429

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Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Philippe Ramin
 

Ne surtout pas se laisser détourner par le visuel et le titre tapageurs. Les trois maîtres autrichiens au programme avaient indéniablement le goût du pittoresque. Mais avec l’ensemble encore trop peu connu de Meret Lüthi, il s’exprime à travers un travail exigeant sur le plan technique et sonore, au-delà des « épices » exotiques dont parfois on saupoudre ces musiques à la va-vite. La violoniste suisse et son équipe ont écouté les modèles posés par Harnoncourt et Goebel, fascinants dans ces pages, pour mieux s’en défaire. En s’imprégnant des appuis dansés issus de la Renaissance plutôt qu’en lorgnant vers les Lumières, en  s’inspirant des modes de jeu des violoneux, en privilégiant une position basse du violon (et en réunissant des instruments de Stainer), ils ont libéré une déclamation au souffle long. Il est clair, à les entendre dans les bariolages de Biber (Partia VI), qu’ils tirent un immense profit de ce travail collectif. Un certain nombre de traités invitent à employer dans ce répertoire un instrument de seize pieds (soit une octave sous le violoncelle). Et de fait, l’ampleur et la saisissante fermeté du phrasé de basse élargissent ici la palette sonore et expressive des pièces en trio. Sur ce socle résonnant, les percussions orientales et le psaltérion s’intègrent dans une texture d’ensemble splendide et poétique (au lieu de jouer les cache-misère, comme souvent). La percussion prolonge des accents qu’on a pris l’habitude de verticaliser trop systématiquement, les couleurs soulignent les directions du discours. Le laboratoire sonore de L’école d’escrime de Schmelzer trouve sa référence au disque: les musiciens ne laissent aucune place aux clichés ni au hasard dans la saynète impeccablement chorégraphiée. Deux curiosités pimentent le programme, la Turcaria de Fux et l’étonnante adaptation de la dixième Sonate du Rosaire par le fils de Johann Schmelzer. Etrange métamorphose: la musique où Biber évoque la Crucifixion se transforme en tableau du siège de Vienne par les Turcs, et de la bataille qui mènera les Chrétiens à la victoire!

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