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Classica # 156 (10/2013)
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Naïve
V5333




Code-barres / Barcode: 0822186053331 (ID340)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Philippe Venturini
 

FAGIOLI REDONNE VIE À CAFFARELLI

Par le hasard du calendrier éditorial, le présent album semble répondre à celui que consacre Philippe Jaroussky à Farinelli, rival de Caffarelli.

Né en 1710 près de Bari, Gaetano Majorano suivra comme Farinelli, lui aussi natif des Pouilles, l’enseignement de Porpora à Naples et empruntera son nom de scène à un proche, en 1’occurrence un maître de chapelle nommé Cafaro. Mais à la différence de son cadet de cinq ans, Caffarelli passe pour vaniteux et capricieux. Il laisse une biographie parsemée de légendes et d’affaires de moeurs. Le présent programme reste exclusivement concentré sur ses créations lyriques italiennes (Bologne, Naples, Rome) bien que le chanteur voyageât beaucoup à travers l’Europe, de Vienne à Lisbonne en passant par Versailles et Londres où, contrairement à Farinelli, il chanta pour Haendel (rôles-titres de Faramondo et Serse). Le théâtre San Carlo de Naples y tient naturellement une place essentielle avec le concours de Nicola Porpora ( Semiramide riconosciuta, 1739), Leonardo Leo (Demofoonte, 1741), Leonardo Vinci (Semiramide riconosciuta, 1744), Gennaro Manna (Lucio Vero, 1745 et Lucio Papiro dittatore, 1748) et Pasquale Cafaro (L’Ipermestra, 1751). Sans surprise et selon une recette éprouvée, le disque démarre par un air de bravoure, le bien nommé Fra l’orror della tempesta dont on devine l’humeur sans connaître la partition de Hasse ni la langue italienne. Face à la menace des cordes et l’orage des cors, Franco Fagioli résiste vaillamment. Il y oppose un souffle qui semble infini, une tenue d’une fière allure et, surtout, une palette de couleurs et de nuances orchestrales. Les plages suivantes confirmeront cette impression : voilà bien un des très rares contre-ténors capables de rivaliser avec une mezzo-soprano dans l’expression de la colère (In braccio a mille furie de Vinci), de l’angoisse (Passagier che su la sponda de Porpora) ou de la glorification militaire (Odo il suono di tromba de Manna). Cela n’empêche certes pas Franco Fagioli de traduire les langueurs sentimentales (Lieto cosi talvolta de Pergolesi ou Rendimi più sereno de Cafaro) ou la douleur de la séparation (Cara ti lascio, addio de Manna). Farinelli a effectivement trouvé un très sérieux rival.

 

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