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Analyste:
Sophie Roughol La couverture affiche la grâce pudique de l’allusion. Toute la sensualité du tableau anonyme (école de Fontainebleau) sur ce voile inouï, qui à la fois cache et illumine. Nous en sommes loin dans un bouquet de duos transformé en compétition pesante entre les deux chanteuses et les instruments. S’agissait-il de démontrer que Sonia Prina et Roberta Invernizzi ont du métier, que leurs voix si différentes (contralto sombre et viril pour la première, soprano brillant pour la seconde) peuvent s’accorder par leur force de caractère et leur complicité musicale ? Personne n’en doute. Pourquoi dès lors y rajouter tant de matière instrumentale, de contre-chants, diminutions, doublures (plus absurdes encore dans le sublime début, d’habitude a cappella de Mentre vaga angioletta, que dans le « Pur ti miro » final du Couronnement de Poppée ) ? Un programme purement instrumental, ainsi que le suggère l’approche énergique de la Sonate K 90 de Domenico Scarlatti, aurait mieux mis en valeur l’ensemble réuni autour de l’excellent luthisteLuca Pianca (violon, violoncelle, contrebasse, harpe). Dans ce florilège de duos disparates lourdement maquillés, le Son io barbara donna de Durante devient une chanson gominée. Monteverdi se taille la part du lion avec cinq pièces sur dix. Les duos habituellement chantés à voix égale prennent un évident relief dramatique avec ces deux chanteuses aux tessitures éloignées : la sublime romanesca (Ohimè, dov’è il mio) s’alanguit en rubatos sans fin, le grand art poétique (Mentre vaga angioletta) ploie sous les effets prosaïques. Les assauts galants de Vorrei baciarti sont mieux réussis, mais suivis par Sono liete fortunate, irrésistible duo pastoral du jeune Handel ici théâtralisé avec des ardeurs de matrones. On voudrait juste un peu d’air, de fluidité, de naturel. Mais Pianca met la pression. Que vienne un disque avec l’ensemble. Seul. Ou avec les deux chanteuses. Seules. Ou avec Luca Pianca, seul ou presque. |
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