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Diapason # 617 (10/2013)
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Naïve
 OP30545



Code-barres / Barcode: 0709861305452

Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Roger-Claude Travers
 

La concurrence n’est pas négligeable pour ce troisième Catone in Utica, chef-d’oeuvre incomplet (il manque l’acte I) de la pleine maturité, créé en 1737 au Teatro Filarmonico de Vérone: Le très habile livret de Métastase place Caton l’intransigeant face au noble César ; la perfide veuve de Pompée Emilia attise les braises de la haine, et Marzia, fille de Caton, s’éprend de son fatal ennemi...

Scimone sut réunir dès 1984 un plateau d’exception, dominé par Cecilia Gasdia et Margarita Zimmermann. Puis Malgoire, qui osa la reconstruction de l’acte manquant en 1997 (pour la scène), reprenait l’ouvrage en 2001 (Dynamic publiait une captation live). La version d’Alan Curtis est plus savoureuse encore. Récitatifs vivants, déclamés avec passion, impliqués, suivis de près et commentés par un continuo réactif : on se parle, on se répond, on s’invective. L’orchestre charnu se colore de beaux cuivres. Comme pour Motezuma, Curtis a choisi de confier la reconstruction du premier acte à l’expert Alessandro Ciccolini, assisté, pour l’écriture des récitatifs, de Stefano Vizioli.

Les voix sont superbes, dominées par le Catone de Topi Lehtipuu. Ann Hallenberg a la force, les couleurs, la profondeur, le charisme nécessaires pour incarner la venimeuse Emilia. Son « Nella foresta » comme le sublime « Come invano », impeccable dans les diminutions, valent la Cangemi de 1997. Avec son timbre riche en étranges nuances sombres, Sonia Prina campe une Marzia mûre, très gourmande d’ornementations. Et quel luxueux Fulvio ! Romina Basso a la force, la dignité, la passion. Même Arbace est convainquant, porté par la voix fraîche et agile d’Emöke Barath.

Seul regret : le choix de la tendre Roberta Mameli pour Cesare. Il faut une autre étoffe pour oser s’attaquer, par exemple, à « Se in campo armato ». Les notes graves sont attrapées sans gloire, et la soprano souffre un peu dans les écarts brusques. Cesare humain sans être orgueilleux, très sensible, mais insuffisant, hélas ! pour se mesurer à Gasdia. Elle coûte à cette version le Diapason d’or que ses collègues méritaient.

 

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