ÉPILOGUE POUR LA SAGA STEFFANI

Cette fois sans Cecilia Bartoli, Diego Fasolis et les Barocchisti explorent la part instrumentale de l’oeuvre lyrique d’Agostino Steffani.

Même si Alfred Einstein voyait en lui «le plus grand musicien italien entre Carissimi et Scarlatti », Agostino Steffani n’est peut- être pas ce géant oublié que Cecilia Bartoli voulait nous faire croire. N’importe, son album Mission connut un succès public fort louable sur un nom si méconnu, succès renouvelé avec le Stabat Mater du même auteur (« Choc » de Classica, n° 155).

Après avoir soufflé le sujet d’un roman à Donna Leon sur le compositeur-diplomate, la diva romaine poursuit donc son intense prosélytisme en missionnant son comparse Diego Fasolis pour nous faire découvrir l’oeuvre d’Agostino Steffani. La musique souffre-t-elle de son absence ? Si l’orchestre sonne toujours de façon superlative, la propension de ces menuets, gavottes et gigues à cultiver les goûts réunis élude bien souvent la signature du style de Steffani, lequel éclate principalement dans la musique vocale : qui pensera ici à Haendel dans la majesté des rythmes pointés des Ouvertures, qui percevra là le Rameau des Indes galantes avec l’arrivée du tambourin, qui reconnaîtra ailleurs l’influence patente de Lully, sous-jacente dans les rythmes de danses sur lesquels reposaient fréquemment les arias de l’album Mission.

Reste un découpage d’orfèvre, ou sinfonias, ouvertures et menuets se répondent, joués avec une ardeur toute démonstrative. C’est que Fasolis se prête au jeu, recherche l’opulence, en jouant notamment sur la longueur des coups d’archets et un clavecin renforçant substantiellement les tuttis, quand les percussions ne font pas leur fracassante entrée.

Tout aussi flatteuse pour sa phalange se présente la subtilité poétique des différents solos ; la prise de son aidant, on en sort conquis !

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