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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
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Analyste: Philippe
Ramin Le manuscrit des Frères Mineurs de Vienne est d'une importance considérable pour l'art du violon de la fin du XVIIe siècle. Techniquement, tout ce qui enflamme la curiosité expérimentale des compositeurs y est présent : scordatures, doubles cordes, positions hautes à l'italienne, etc. Les anonymes alternent avec les auteurs les plus célèbres et des éléments significatifs (postludes, types de formules improvisées) soulignent les échanges très intenses entre les musiciens « savants » de cour et les violoneux qui accompagnaient les danses de taverne et autres moments de la vie en société.
Gunar Letzbor, qui joint à l'orgue un continuo diversifié, se concentre sur les pièces notées en scordatura (selon des accords du violon différents de l'habituel sol‑ré‑la‑mi, par exemple si‑mi‑si‑mi). Il annonce deux autres disques à partir de ce manuscrit, tandis que Stéphanie Paulet a glané un ensemble représentatif de la variété des styles en usage et des influences profondes de la musique italienne. Elisabeth Geiger la soutient à l'orgue, sur un superbe positif d'André Silbermann.
L’approche remarquablement posée de la violoniste s'inscrit dans une esthétique du merveilleux, où la résonance de son instrument se marie à l'ample douceur de l'orgue dans une acoustique généreuse. Irréprochable sur le plan de l'intonation, Paulet sculpte avec art un discours un peu attendu dont les outils expressifs gomment les aspérités rythmiques et rhétoriques d'oeuvres très différentes. Du très beau violon dans un projet musical moderne plus consensuel.
Letzbor est plus sensible à l'hétérogénéité du recueil. La comparaison des sonates de Voita (no 70) et de Faber (no 2) montre l'écart très net entre les deux interprètes, Letzbor parvient à faire saisir la richesse de ces compositions pleines de contrastes et de modernité. Il recourt à des modes de jeu tantôt sophistiqués, tantôt typiques de musiques traditionnelles pour servir la diversité des répertoires, parfois au sein d'une même pièce.
Évidemment, la sonate de Schmelzer décrivant le siège des Turcs aux portes de Vienne (elle sera métamorphosée comme Sonata X du Rosaire de Biber) le pousse très loin dans sa tendance naturelle au fantasque. Qu’importe, on ne s'ennuie pas une seconde.
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