Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Xavier Bisaro
Franz Raml arrive au terme d'une
intégrale de la Tabulatura nova, entreprise courageuse et utile car
c'est la première fois qu'on enregistre dans sa totalité ce monument
fondateur de la musique d'orgue germanique. Samuel Scheidt, Kapellmeister
et organiste de la cour de Halle, renonçait ici à l'ancienne notation pour
clavier en tablature et optait pour les partitions dont nous avons
l'habitude, sur portées : c'est la
La dernière est la moins gratifiante pour l'interprète et la plus périlleuse au disque: elle consiste en chapelets de versets sur tous les tons de Magnificat, sur les mélodies d'un ordinaire de messe ou encore sur des hymnes. Soit trois heures sans une danse, sans une pièce libre, sans la moindre entorse à l'art de l'organiste liturgique que Scheidt connaissait si bien... Cependant, le génie de ce compositeur est tel que, sur la base de types d'écriture récurrents, il sait diversifier en permanence sa polyphonie. Sa large palette de dégradés se déploie depuis les arcanes du contrepoint vocal sévère jusqu'à des tournures typiquement instrumentales, en sachant aussi intégrer quelques touches de style « moderne » (cf. les chromatismes du Magnificat du 4e ton).
Et Raml a fort justement repris à
son compte l'exigence de varietas qui devait guider Scheidt: trois
orgues prodigieux (dont celui de Schägl, encore peu enregistré), des
registrations sans redite (l'interprète confiant parfois le cantus firmus au
pédalier y compris lorsqu'il est en position intermédiaire ou haute) et une
fraîcheur jamais épuisée par l'endurance de l'exercice. Comme dans les
précédentes étapes de ce périple, Raml compense la sobriété extérieure de
son jeu par une articulation détaillée, évolutive et toujours adaptée à
l’acoustique comme aux registrations employées. L’écoute continue de ces
disques – expérience ultime ! – parvient à donner l’illusion d’une musique
s’inventant au fur et à mesure de son écoulement. Une pareille gageure
engage à ouvrir les portes de ce monument désormais accessible dans toute sa
folle grandeur. |
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |