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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Xavier Bisaro
Loin d'un énième disque de présentation, son récital va bien au‑delà d'un banal passage en revue des timbres de l'instrument. De prime abord, le programme est articulé autour d'un concept quelque peu contestable : l'irréductibilité d'un « orgue polyphonique » nordique ‑ qui serait opposable à « l'instrument de couleurs » d'Ancien Régime ‑ est en effet battue en brèche par une fresque aussi décorative que celle de Tunder sur Christ lag in Todesbanden. Bien plus habile est l'entrecroisement des liens entre les plages (un parcours chronologique de Scheidt à Bach, des pièces se répondant autour d'un cantus firmus qu'elles partagent et, pour les initiés, des oeuvres que l'on sait chères à cet organiste).
Connu pour ses enregistrements de musique française de Couperin à Duruflé, Michel Bouvard s'immerge dans un autre environnement auquel il impose sa propre vision. Là où certains soulignent le pittoresque ou l'opulence du répertoire hanséatique, c'est son humanité sereine qui prévaut ici. Au lieu de jouer sur la fascination qu'il serait facile de provoquer en poussant les tempos ou en gonflant les registrations, Bouvard s'adresse à l'auditeur avec attention et exigence. En une sorte de gradus ad parnassum, il le conduit peu à peu vers des sommets de subtilité contrapuntique, l'accompagne dans le dédale des voix dont lui seul connaît le secret (le parcours s'achève sur le Ricercar à 6 de L’Offrande musicale). Il faut s'abandonner en confiance à cette ambiance profonde pour réaliser que, avec cet interprète, la vitalité d'une exécution n'est pas une affaire de séduction ou d'énergie immédiate mais la maîtrise d'un souffle puissant.
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