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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
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Analyste: Denis Morrier Nouveau support pour une interprétation bien connue. Cet Orfeo, capté au Liceu de Barcelone le 31 janvier 2002, a paru en DVD la même année. La mise en scène de Gilbert Deflo, faussement historicisante et plus décorative que théâtrale, ne m'avait alors pas convaincu. La seule bande son, dans ce report SACD, ne valorise pas pour autant l'interprétation musicale, mais souligne plutôt ses déséquilibres.
Peu d'Orfeo ont bénéficié d'un orchestre aussi somptueux: Jordi Savall a réuni une impressionnante phalange de virtuoses, où je distinguerai que l'éblouissant Andrew Lawrence‑King, pour l'une des plus belles ritournelles de harpe jamais enregistrées. Si l'effectif instrumentai se rapproche assez idéalement de celui exigé par le compositeur, les vingt chanteurs de la de Capella Reial sont deux fois trop nombreux ‑ ce n'est pas un problème en soi, mais ça le devient dans une lecture opaque et empesée des polyphonies. Enfin, les solistes (des habitués de l'oeuvre pour la plupart) sont inégaux et souvent décevants. Montserrat Figueras, l'une des plus grandes montéverdiennes du XXe siècle, ne voit guère sa mémoire honorée par cette réédition inutile qui la montre tout en indélicatesse avec le soutien et la justesse. Sara Mingardo a laissé le souvenir d'une Messaggiera autrement plus poignante sous la direction d'Alessandrini et de Vartolo. Par ailleurs, Arianna Savall campe une Euridice au chant étriqué, quand Ariana Fernandez (la mémorable Euridice de Garrido) ne parvient pas à trouver les accents de tendresse sensuelle qui permettent à Proserpine de convaincre Pluton. Cécile Van de Sant est une Speranza hiératique, quand elle devrait concilier l'autorité et la compassion.
Reste Furio Zanasi . Ce très grand Orphée du tournant du siècle, en particulier sous la direction d'Alessandrini, apparaît ici en relative méforme. Ses récitatifs sont emplis de noblesse, mais il peine dans l'aria « Possente spirto», de plus en plus approximatif (techniquement) et distendu (dramatiquement) au fil des stances. Pourquoi ces chanteurs tant admirés par ailleurs, déçoivent‑ils ici ? Il faut sans doute incriminer la pesanteur de la mise en scène, qui transparaît jusque dans leur élocution. Et semble avoir touché jusqu'à la direction de Savall, plus soucieuse du « beau son » instrumental que de l'éloquence tragique, plus éprise de maniérisme marmoréen que de sincérité dramatique. En témoignent cruellement les actes Il et IV, où la tragédie s'englue dans un cadre sonore flatteur, sains âme ni corps. Une parution superflue dans une discographie pléthorique (Garrido, Alessandrini, Harnoncourt ... ).
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