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Diapason # 638 (09/2015)
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Arcana  
A387




Code-barres / Barcode : 3760195733875

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Océane Boudeau

C'est un projet discographique bien alléchant que nous propose La Reverdie pour son dix‑neuvième disque : une guirlande de motets écrits en l'honneur de la République de Venise et de ses doges au XIVe et au début du XVe siècles. La fourchette chronologique permet de discerner les origines de ce qui sera au Quattrocento une tradition, en Vénétie comme ailleurs: on pense bien sûr au motet commémoratif Nuper rosarum flores conçu par Dufay en 1436 pour la consécration de la cathédrale de Florence. Des musiciens ayant exercé à Venise bien avant Willaert et les Gabrieli, comme Antonius Romanus, chantre à Saint‑Marc, se mêlent aux pages de Marchetto da Padova, Francesco Landini, Johannes Ciconia ou Hugo de Lantins célébrant la Sérénissime.

 

Ce répertoire italien se démarque de la tradition française contemporaine : tout comme le répertoire profane, il use de lignes vocales très souples qui se répondent avec de nombreuses imitations et hoquets, tout en abandonnant l'usage du rigide cantus firmus pour la voix de teneur.

 

La réalisation musicale ne satisfait pas totalement. L'importance donnée aux instruments dans ces oeuvres vocales tend à reléguer au second plan le texte littéraire (voire les textes littéraires lorsqu'il s'agit de motets pluritextuels) et la réverbération ne facilite pas la tâche de l'auditeur. Les parties instrumentales sont tellement riches qu'elles pourraient presque se suffire à elles‑mêmes ‑ symptomatiquement, les quelques plages réservées aux seuls instruments sont bien plus convaincantes, notamment l'introduction du Christus vincit de Hugo de Lantins, avec le cornet de Doron David Sherwin. Dommage que La Reverdie n'ait pas gardé l'équilibre entre instruments et voix qu'elle avait trouvé dans son « Guillaume Dufay, voyage en Italie » (2003). Il en résulte ici une confusion dans le suivi du contrepoint, accentuée par une certaine raideur du rythme et de la conduite vocale. Que l'on compare l'interprétation du motet dé Ciconia Venecie mundi splendor, auquel on doit le titre de l'album, et celle gravée par Diabolus in Musica (Diapason d'or, cf. no 595) et l'on se rendra compte de ce qui manque à ce disque pour conquérir son public.

 

 

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