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Diapason # 659 (07/2017)
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Naïve
E8940




Code-barres / Barcode : 0822186089408

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Émile Huvé

 

Un disque « pour l'île déserte », selon la formule consacrée ? Mieux ‑. un disque qui vous donne envie de s'y évader pour oublier les bruits de ce monde et goûter le foisonnement intime qui s'élève d'un luth. À l'apogée de sa maturité, Hopkinson Smith nous livre, plutôt qu'une nouvelle monographie, un bouquet élisabéthain (l558‑1603). Une progression savamment tracée rassemble autour de Byrd et Dowland des noms moins célèbres, John Johnson, Anthony Holborne, ainsi qu'une magnifique et très contrapuntique Fantaisie du « très illustre Gregorio Huwet d'Anvers » (le titre est de Dowland, qui la remania). « Semper Dowland, semper dolens », disait‑on... La nonchalance attristée ou tendre qui émane de ces pages intrigue l'interprète dans son introduction : « Peut‑on se délecter de la mélancolie ? La réponse est dans la musique. » La technique du luth intègre à cette époque un raffinement croissant de l'ornementation: les diminutions et appoggiatures, dont Hopkinson Smith décline toutes les subtilités, rehaussent partout la délicatesse des enchaînements harmoniques (Mr Dowland's midnight).

Elles peuvent aussi appuyer un discours où, chez Johnson et Holborne, la mélancolie s'assombrit en inquiétude et douleur (A Pavan to delight ou Day's end Pavan du premier; Passion, Last will and testament du second). Côté danses, vous ne connaissiez pas ce Mad Dog ? Nous non plus. L'intitulé est d'Hopkinson Smith, qui s'est plu à ainsi caractériser quelques pièces présentées sans titre dans les manuscrits. Ses doigts tendent, sur les cordes, des premiers plans, des toiles de fond aux accents étouffés, des échos, avec une réactivité de chaque instant. Le retour d'une idée devient métamorphose: un magicien du temps est à l'oeuvre, parfaitement conscient de ce qu'il veut obtenir quand il ouvre les micros.

Soyons‑lui reconnaissants de nous faire entrer dans un univers qu'il habite en souverain. Il en a expérimenté la troublante complexité tout au long d'une vie dédiée à un instrument de haute exigence.

Entrevue - par Benoît Fauchet

Diapason # 660- Septembre 2017
 

« C'est un lieu magique que cette église de l'ancien monastère bénédictin de Beinwil le Jura suisse. Sa lumière, ses dimensions d'abbatiale sont déjà sources de paix. La qualité de son silence invite à une intimité telle qu'on a presque l'impression de pénétrer jusqu'à la texture moléculaire de la musique. Le répertoire élisabéthain pour luth est non seulement vaste, mais surtout généreux en lyrisme dans la danse, le contrepoint, la suggestion d'une ample palette de couleurs. Un âge d'or ou le luthiste essaie de devenir alchimiste, afin de redonner une vie intense à des partitions composées il y a plus de cinq cent ans. Les Pavanes invitent l'interprète à développer ses ressources pour soutenir de longs discours souvent mélancoliques. On pourrait penser qu'un instrument à vent ou à archet parviendrait mieux à le faire, mais finalement, le vrai sens mélodique est ailleurs. Si on veut retrouver la liberté, le souffle, de la passion et l'intimité qu'on imagine de liés à cette musique, il faut absolument pouvoir compter sur quelqu'un dans le processus d'enregistrement ‑ un partenaire qui gère la complexité des câbles et du matériel, mais qui avant tout écoute la manière de l'artiste. Ce fut un privilège de collaborer avec Laure Casenave-Péré, qui sait faire exacte­ment cela. »

Hopkinson Smith

 


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