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Diapason # 637 (07-08/2015)
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Encelade
ECL1302




Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Voulez‑vous un jeune ensemble français immaculé et parfois même splendide, premier de la classe mais prévisible ? Prenez Pygmalion, prisonnier des standards techniques qu'il a souhaité fixer en un temps record mais épanoui dans son esthétique de synthèse. Voulez‑vous un collectif parfois maladroit mais bourré d'idées, qui s'amuse pour son premier disque à bousculer nos habitudes dans Bach ? L’Ensemble Baroque Atlantique vous rappellera qu'en un temps pas si lointain, la musique ancienne était aiguillonnée par l'esprit d'aventure.

 

Une prise de son grossière dans une acoustique impossible ne suffit pas à nous détourner des idées par dizaines que livre Guillaume Rebinguet-Sudre (violoniste, chef d'ensemble, par ailleurs claveciniste, et facteur de clavecins). Le Concerto pour deux violons réalisé d'après la Sonate pour orgue BVW 530 est moins légitime historiquement mais bien plus convaincant musicalement que bon nombre de « reconstructions » récentes. Rebinquet‑Sudre fait remonter à la surface la structure de concerto enfouie sous l'écriture à trois voix (comme hier Martin Gester dans une version très réussie de la Sonate BVW 526, chez Assai). Des oppositions concertino-ripiéno construites en toute logique et une nouvelle partie d'alto fort bien troussée amplifient les trois voix sans les engraisser. Rebinguet‑Sudre fait le pari de réécrire l'ornementation volubile du Lento, et de la déployer avec des effets de rubato orchestral que personne n'ose chez Bach. Ce n'est ni très propre ni abouti mais captivant. L’intérêt retombe dans les deux sinfonie enchaînées mais revient avec le Concerto en la mineur: les fragilités du détail, sous l'archet de Rebinguet‑Sudre, n'affectent pas une vision large et personnelle des trois mouvements.

 

Glisser en fin de programme le concerto brillant retaillé d'après celui en do majeur pour trois clavecins était une fort mauvaise idée. Sans athlètes doublés de perfectionnistes (seuls Podger et les siens avaient su tirer leur épingle du jeu), l'arrangement s'essouffle et s'éparpille. La carte de visite est donc prête. Que la bande Atlantique prenne tout son temps pour nous livrer un deuxième opus à la hauteur de son talent.


 

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