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Diapason # 637 (07-08/2015)
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Editions Les Arts Florissants
AF005




Code-barres / Barcode : 3149028071023 (ID513)

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

En mai dernier, Paul Agnew achevait son in­tégrale en concert des madrigaux de Monteverdi à la Philharmonie de Paris. Trois coffrets d'anthologies témoigneront de cette magnifique  entreprise, mise en oeuvre en 2011. Le Volume 11, dévolu à la période mantouane, avait suscité notre admiration (cf no 630), le Volume 1, qui sort maintenant, illustre les années de formation du jeune compositeur crémonais  à travers ses trois premiers Livres de madrigaux (1587, 1590 et 1592).

 

Peu d'enregistrements rendent vraiment compte du génie qui transparaît déjà dans ces compositions visionnaires : si Rinaldo Alessandrini a laissé un mémorable Livre Il (Naïve), les Livres 1 et III attendent toujours une intégrale de référence (nous y préférons pour l'heure le Consort of Musicke à La Venexiana). Autour de Paul Agnew, ténor inspiré et chef à la direction aussi sensible qu'analytique, huit solides chanteurs se relaient pour renouveler les couleurs d'un a cappella impressionnant d'homogénéité. Ces belles voix, délicatement vibrées mais assez amples, s'unissent dans une lecture à la fois originale et scrupuleuse. L'intelligibilité du texte et du contrepoint est soulignée par une dynamique large et souple, accordée à l'expression changeante des paroles. Les prises de son, réalisées en concerts, captent les voix dans des acoustiques peu réverbérées et nous placent au coeur des jeux complices du dialogue musical.

 

Très judicieuse, la sélection réunit les madrigaux les plus représentatifs de l'évolution du compositeur. L’équilibre et l'harmonie, qui ont présidé à l'élaboration du Livre I, règnent dans Baci soavi e cari. Les hardiesses contrapuntiques qui s'immiscent dans le Livre Il invitent les chanteurs à une interprétation vivement imagée, comme dans Non si levav’ancor l'alba novella ou dans l'immortel Ecco mormorar l'onde, miniature subtile et suave à l'atmosphère trompeusement idyllique. Enfin, les chefs-d'oeuvre incontournables du Livre III, où apparaissent les prémices de la seconda prattica figurent tous ici : O primavera et surtout le cycle Vattene pur crudel, sur des vers empruntés à la Gerusalemme liberata du Tasse. Évoluant de la violence la plus extrême vers la détresse la plus poignante, les imprécations passionnées d’Armide gagnent une profondeur qu'on ne connaît à aucune autre version. Un vrai bijou musical et dramatique, préfigurant les grandes architectures théâtrales que Monteverdi créera bientôt à Mantoue et Venise.

 

 

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