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Diapason # 615 (07/2013)
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Ramée
RAM1207



Code-barres / Barcode : 4250128512077

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Philippe Ramin

 

Anglaises, ces six suites? Titre tardif et mystérieux. Référence à Dieupart, à Handel ? À un destinataire (Forkel : « Suites anglaises, parce que le compositeur les écrivit pour un anglais de qualité ») ? Le style, lui, intègre toutes les nouveautés du jeu français (Bach a soigneusement lu Couperin), mais il peut également évoquer, dans les doubles des sarabandes, les volutes violonistiques chères à Corelli. Dans les courantes domine le modèle français, à trois temps modérés.

Pascal Dubreuil, dont la lecture fait souvent penser à Leonhardt, livre une version prenante du cahier. Comme dans les précédents volumes de sa série Bach, sa rigueur soutient son imagination. Il souligne la dimension rhétorique de l’écriture, qui reflète les grands débats du temps de Bach sur l’organisation des discours, et du discours musical en particulier. Une notice très instructive détaille les étapes de sa recherche. L’audition confirme que le claveciniste a pénétré la puissance expressive de ces préceptes oratoires pour mener l’auditeur au coeur du sujet. Dubreuil sait organiser la substance des grands préludes dont la durée augmente à travers le cycle. On sent qu’une réflexion sur la forme a permis de choisir le tempo et le caractère les plus pertinents. Ce soin profite également aux grandes sarabandes, dont la scénographie musicale ressort avec intensité. L’équilibre du détail et de la ligne est supérieurement réalisé.

On note une extrême attention à la beauté du toucher : le passage de l’allemande de la première Suite vers le petit clavier est superbe, et l’allemande en fa, d’une grâce merveilleusement assumée. A vrai dire, quand on en vient à oublier le caractère de l’instrument la partie est gagnée - ce qui est ici le cas. C’est tout particulièrement dans les courantes que se perçoit l’influence de Leonhardt : une délicate fragmentation du phrasé, un mélange d’autorité rythmique et de souplesse de la ligne font naître l’élégance. De discrètes ornementations révèlent un goût bien senti et un sens de la mesure admirable. On est ici pour émouvoir pas, pour décliner une méthode!

Au montage, l’éditeur a conservé les bruits mécaniques d’accouplement des claviers entre les pièces. Ce petit artifice apporte une humanité inédite à l’ensemble de l’enregistrement, qui comme d’habitude chez ce label profite d’une prise de son admirable.

 

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