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Diapason # 647 (06/2016)
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Arcana 
A395




Code-barres / Barcode : 3760195733950

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jacques Meegens

Comment redonner vie aux chants sacrés de la Dalmatie médiévale, tombés depuis longtemps dans l’oubli, et documentés par quelques manuscrits énigmatiques ? Katarina Livljanic, qui dès le début de son travail avec Dialogos s'est inspirée des traditions orales séculaires subsistant çà et là (notamment dans certaines îles), fait aujourd’hui dialoguer les femmes de son ensemble avec les hommes de Kantaduri venus de Croatie. N’imaginez pas un mariage forcé, une fusion idéalisée, mais un échange intense. Les deux ensembles ne cherchent pas une chimère historique : ils présentent chacun leur univers, et laissent affleurer les racines communes. Des liens étroits se tissent et s’imposent à l’oreille avec une claire évidence: à un chant de l’avent venu de l’île de Hvar répond une polyphonie (Jube‑Domine pour Noël) du XVe siècle. Très vite les frontières s'estompent. Le Moyen Age se fond dans la tradition vivante par l'étonnante superposition de deux approches, qui se mélangent comme dans un kaléidoscope. Les sonorités, toujours inhabituelles et pleines de surprises, font la part belle aux dissonances, merveilleusement expressives – en  particulier dans une invocation de Judas profondément dramatique -, osant parfois même la polymodalité ! L’intensité qui s'en dégage se trouve encore renforcée par une vocalité puissante et très affirmée.
L’audace des arrangements se base sur la rigueur du travail musicologique effectué en amont, à l'origine de la découverte d’inédits provenant tout droit des rives de l’Adriatique.

La force n’exclut pas la finesse, soignée jusque dans les moindres détails. La précision des chanteurs laisse percevoir une grande complicité ; quant à la prononciation, c’est un modèle de clarté. Les textes en latin et slavon (slave ancien) sont ici dune telle intelligibilité que l’on se surprend soi‑même à saisir un mot ou un nom propre dans l'une de ces langues rares. La netteté de la prise de son, souvent réalisée de très près, le souligne; elle conserve toutefois l'acoustique enrobante de l’abbaye de Royaumont, et accentue les effets de spatialisation proche/lointain entre les deux choeurs. Musiques anciennes et musiques traditionnelles apparaissent finalement comme deux facettes d’un même joyau

 

 

 

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