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Classica # 163 (06/2014)
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Satirino
 SR141




Code-barres / Barcode : 3760061191419 (ID410)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Philippe Venturini
 

BACH SUR ORDONNANCE

 

« Un Prélude et fugue par jour apaise les tensions existentielles » prescrit Kenneth Weiss en médecin avisé. N'hésitons pas à le consulter. Régulièrement.


Quelle version récente du Clavier bien tempéré au clavecin recommander ? La question peut sembler saugrenue mais les réponses ne se bousculent pas. Gustav Leonhardt reste bien sûr très recommandable mais il appartient désormais à l'histoire (DHM, 1967) et pâtit d'un son ingrat. Ne restent alors que Ton Koopman (Erato, 1982), Blandine Verlet (Astrée, 1993) et Christine Schornsheim (Capriccio, 2010) pour les intégrales sans oublier, pour le Livre I, Pierre Hantaï (Mirare, 2001‑2002), et pour le Livre II, Sébastien Guillot (Saphir Productions, 2009) et Christophe Rousset (Aparté, 2013, «Choc» de Classica). C'est peu en regard d'une imposante discographie. Aussi accueille‑t‑on Kenneth Weiss avec une curiosité attentive. L'artiste a choisi l'instrument Ruckers‑Taskin 1646/1780 du musée de la Musique que la prise de son aurait pu faire sonner avec davantage de plénitude dans le grave (est‑ce l'acoustique de la salle ?). Ces épaules un peu étroites n'affectent heureusement pas la santé et le rayonnement d'une lecture les plus solaires de la discographie. Qui craindrait encore d'approcher cet ensemble de quarante‑huit préludes et fugues redoutant un pur exercice cérébral y entendra la plus sensible des discours. Dès le fameux Pré­lude n
° 1 du Livre I, Kenneth Weiss dévoile son jeu: celui de la modestie comme il l'annonce dans son texte mais aussi de la lisibilité polyphonique (jamais de registrations chargée), de la fluidité des phrasés et de la souplesse du tempo. Ainsi n'hésite‑t‑il pas à faire attendre un premier temps pour signaler une modulation ou une carrure jamais mécanique (le tournoiement obstiné des doubles croches du Prélude n° 2), souvent primesautier (les sauts réguliers des croches de la main gauche du Pré­lude n° 5), parfois hâbleur avec des airs de Scarlatti (Prélude n° 5, Livre II) mais aussi capable de gravité sans pourtant traîner les pieds (Fugue n° 8, Livre II), Kenneth Weiss convainc toujours des effets positifs de cette oeuvre.

 

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