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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie 1716: Vivaldi, pas encore quarantenaire, s'attaque à un livret dont l'esthétique vénitienne va à l'encontre de la nouvelle mode arcadienne. Mais ce qui aurait dû constituer un handicap devient, sous sa plume, gage de surprises tant les quelque 50 scènes concoctées par Adriano Morselli lui permettent de brosser des atmosphères contrastées, tandis que les nombreux récitatifs, ariosos, et arias ouvrent un champ expérimental idéal pour son génie. Cela, Ottavio Dantone l'a compris, qui parvient par sa gestuelle souple à mettre en valeur la ligne mélodique sans rien aliéner de la vigueur rythmique caractéristique du compositeur. Prêt
à tout pour acquérir et la couronne et la main de Statira, Darius appelle
une aura charismatique, ce que la haute‑contre probe mais étroite d'Anders
Dahlin ne peut fournir. Face à lui, la soprano Sofia Soloviy (Arpago)
compense grâce a ses aigus percutants ce que le personnage aurait gagné à
être incarné par un contre‑ténor, à l'instar de l'Oronte un peu tiède de
Lucia Cirillo (et dire que le Festival de Beaune 2013 affichait Franco
Fagioli !). Devant certains personnages sans réelle épaisseur psychologique,
l'auditeur opportuniste prend ses moments de bonheur ou il peut ;
heureusement , ils sont nombreux, notamment sur le terrain d’élection de
Vivaldi,
l’orchestration : jactance irrésistible du basson pour Niceno, violon
concertant pour Statira, ou Sara Mingardo excelle en ingénue qui s’en fait
accroire par sa redouteble sœur Argene. Timbre androgyne, technique
stupédiante ( « Fermo scoglio in mezzo al mare »), vocalement on
tient là le « couronnement de Delphine Galou ». Rien que pour elle, on
achète ! | |
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