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Analyste: Gaëtan Naulleau Ressort inusable des films d'horreur, l'instant où l'affreuse créature dont on se croyait enfin débarrassé surgit in extremis dans le dos de la pauvre héroïne. Disons, sans trop insister sur l'image, qu'on n'était pas mécontent de voir un contre‑ténor usé céder sa place au juvénile Damien Guillon dans l'avant‑dernier tome de cantates. Et paf: Robin Blaze revient dans l'ultime. La finesse d'articulation chère à Suzuki n'appelle pas des voix onctueuses, certes. Mais les limites tolérables de l'acidité sont allègrement franchies dans les deux airs d'altos. Les aigus crispés sous la note fâchent l'oreille dans celui de la BVW30. Blaze l'avait pourtant phrasé avec élégance il y a quelques années dans un album paru chez Alpha, où Gustav Leonhardt dirigeait la cantate jumelle (la BWV 30a profane devenait en 1738, pour la Saint‑Jean, la BWV30).
Le rapprochement des deux disques est frappant: l'équipe de Suzuki est décidément la seule aujourd'hui à épouser strictement le modèle d'articulation mis en place par Leonhardt. Même tempo dans chaque mouvement, même ton, mêmes accents, même malice dans les pizzicatos de l'air d'alto, même primat de la danse, de rythmes légers en équilibre sur des appuis très directs et courts.
Les deux autres pièces témoignent également de l'art de repriser un habit brillant. Pour l'office annuel du changement de conseil municipal, Bach ressortait en 1748 une cantate de 1723 au choeur d'entrée opulent. Au milieu des années 1740, il cousait trois numéros du Gloria de la Messe en si. L’intégrale se conclut ainsi en écho à la réalisation majeure de Suzuki, l'oeuvre où son exigence polyphonique donne sa pleine mesure.
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