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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie Pour mener à bien ses Vespro della Beata Vergine, Monteverdi mit à profit l'expérience neuve d'Orfeo : alternance de vastes fresques et de morceaux plus intimes, du modal et du tonal, le stile nuovo supplantant le stile antico. Au reste, c'est précisément à l'attention des chanteurs de son premier opéra que s'adressaient les parties solistes de cette liturgie flamboyante. Flanqué de son équipe habituelle qui fit le succès discographique des oeuvres de Falvetti, Leonardo Garcia Alarcon dispense un grand geste théâtral qui unit des paramètres jusque-là ignorés d'un John Eliot Gardiner ou d'un René Jacobs. Aussi un tempo plus vif permet‑il au débit du texte de suivre les affects des vers dans le « Domine ad adjuvandum » quand les antiennes grégoriennes (assurées par Lionel Desmeules) montrent une approche vivante du plain‑chant, qui écarte l'intonation grégorienne éthérée ayant cours à Solesmes au profit d'une vocalité plus expressive, proche des traditions corses ou sardes. Tout cela est original et convaincant. Beaucoup moins l'est la prise de son, comme souvent à l'Abbaye d’Ambronay dont la réverbération dessert la battue cursive du chef. De même, là où la dimension horizontale des doubles choeurs devrait s'imposer, prévaut ici une profondeur verticale qui fausse le rapport des masses en surexposant l'ensemble instrumental et les solistes aux dépens des polyphonies chorales. C'est donc principalement sur les morceaux chambristes que cet enregistrement nous comble, des grandes gerbes mêlées des sopranos (Céline Scheen et Mariana Flores) dans le « Pulchra es » au « Duo seraphim » qui vous fend l'âme avec son fameux quilisma. Rendez‑vous avec le disque à demi manqué, donc. Jordi Savall (AliaVox) et Gabriel Garrido (K617) dominent toujours. | |
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