Analyste: Fabienne Bouvet
LE LUTH DE
CLASSE CONTINUE
Considéré comme le plus grand virtuose de son instrument, le luthiste Paul
O’Dette ravira tous ceux qui veulent découvrir « Il Divino » Francesco da
Milano.
Est-il encore nécessaire de présenter Paul O’Dette ? Avec plus de cent vingt
enregistrements à son actif, il est l’une des figures incontournables du
répertoire de la Renaissance. Connu du public mélomane grâce à son intégrale
des oeuvres pour luth de John Dowland (Harmonia Mundi USA, 1995), il
présente aujourd’hui un album de pièces de Francesco da Milano, dont
certaines apparaissaient déjà dans ses enregistrements antérieurs (Astrée,
1986). Limpide, voilà l’adjectif qui sied au jeu de Paul O’Dette. Sa
virtuosité, loin d’être ostentatoire, se devine au fil du discours musical:
lisibilité des voix, diction parfaite, sens du rythme, fluidité de
l’articulation sont autant de clés de lecture. Ce répertoire, introspectif
et souvent opaque aux oreilles des néophytes, se révèle ici accessible.
D’une part, le jeu de Paul O’Dette est énergique, il ne demande pas un
effort particulier à l’auditeur. D’autre part, il est lisible, pour ne pas
dire pédagogique, même pour ceux qui ne maîtrisent pas les codes de cette
musique. Enfin, la clarté de l’attaque et la beauté du timbre sont
magnifiées par la prise de son ample et précise. La musique de Francesco da
Milano a déjà été maintes fois jouée en concert, notamment par Nigel North
avec beaucoup de talent. Elle a également été enregistrée par Paul Beier
(Stradivarius, 1999) ou Massimo Lonardi (Stradivarius, 2007), mais la
version de Paul O’Dette les surpasse nettement. Elle s’impose comme une
référence, qui ravira tant les amateurs du répertoire que les auditeurs
désireux de découvrir la musique du luthiste le plus célèbre de la
Renaissance italienne.
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