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Analyste: Jean‑Luc Macia Dans la notice, John Eliot Gardiner regrette que l'Oratorio de Pâques soit sous-estimé. Il existe pourtant une douzaine d'enregistrements, des pionniers Couraud et Prohaska à Kuijken en passant par Leonhardt, Herreweghe et McCreesh. Pour préparer en contraste ce large tableau de la Résurrection, le programme s'ouvre sur la mort douce et désirée, mise en scène avec simplement une poignée d'instruments dans l’Actus tragicus. Gardiner, qui l'a déjà gravé deux fois (chez Archiv puis lors de son fameux Pèlerinage), lui apporte encore plus d'intimité et de douceur, en osmose parfaite avec la mort consolatrice que Bach professe. Chaque mouvement s'enchaîne dans un climat paisible, coloré des effluves arachnéens des flûtes à bec et seulement troublé par les entrées fluides du Monteverdi Choir, à douze voix qui semblent chanter d'un seul souffle. Comme un fleuve tranquille, survolé par la déclamation volubile de Peter Harvey et les accents boyish d'Hannah Morrison, la cantate avance vers sa conclusion exaltant avec brio « la force divine [qui] nous rend victorieux ». A l'écart de la rhétorique doloriste de Junghänel (HM) ose un Actus tragicus en prière, extatique. Pour l'Oratorio de Pâques, Gardiner élargit son Monteverdi Choir à vingtquatre membres. De la sinfonia, pétillante puis agreste, aux trois airs, partout la même justesse rythmique, les mêmes élans lyriques qui donnent à cette, oeuvre festive une parure savoureuse. Reste le problème des voix. On passe du magnifique ‑ l'aria pour soprano, avec une angélique miss Morrison et la flûte aérienne de Rachel Beckett ‑ au plus banal ‑ un ténor sans charisme ‑ et au décevant ‑ l'alto ingrat. Signalons aux anglophones l'ouvrage très complet que Gardiner vient de publier, Bach: Music in the Castle of Heaven, d'une impressionnante érudition et d'une subtile intelligence. A quand une traduction ?
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