Texte paru dans: / Appeared in: Glossa |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie Remontez à
l'origine des Jean-Pierre et Jean‑Louis Duport, des frères Janson, François
Cupis et autres Joseph Tillière, et vous aboutirez au père du jeu moderne du
violoncelle: Martin Berteau. Bien qu'il n'ait pas laissé d'écrits
pédagogiques, l'enseignement de Berteau fut décisif et influença les
méthodes mises au point par ses élèves directs (précités). Qu'il se soit
adonné à la composition ne surprend pas, même si sa musique lui fut moins
dictée par la Muse que par ses servantes. On y goûte néanmoins un plaisant
mélange de grâce mélodique propre au style galant et une virtuosité visant à
explorer les diverses possibilités techniques du violoncelle. Mais « style
galant » ne signifie pas sans propos ni directivité, ce qu'a parfaitement
compris Christophe Coin: sous ses doigts, cette musique parle, séduit
même à mesure que les instruments dialoguent, voire s'apostrophent. Une
théâtralité discrète s'immisce dans la Sonata V, ou une petite
mlopée introductive agit comme les vocalises du chanteur s'éclaircissant la
voix avant d'entrer en scène. À cette rhétorique intégrée du discours
instrumental, Christophe Coin et ses comparses joignent une souplesse
agogique d'une grande musicalité ; l'auditeur devine aisément les regards
complices échangés durant l'enregistrement. Le Sixième Exercice ‑ en
fait, une danse cachée ‑ n'a rien d'une écriture asséchée ; le ton s'y fait
vibrant, avec des enjouements pittoresques et des alanguissements troubles,
servis par un son d'une grande plénitude. Même les passages les moins
inspirés deviennent, grâce au mordant et à la verve des musiciens, des
moments d'agréments rayonnants. Martin Berteau a bien de la chance ! | |
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