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Analyste: Roger‑Claude Travers Dès 1958, les archets du New York Sinfonietta gravèrent les quatre sonates pour deux violons sans basse obligée, seuls exemples chez Vivaldi de compositions de chambre pour archets des années de maturité. Il fallut attendre 1991 pour que Chiara Banchini et Véronique Méjean (HM) y révèlent une dimension opératique insoupçonnée en un affrontement hautement démonstratif, avec une complicité que n'atteignirent ni les Guglielmo père et fils, ni le Purcell Quartet, ou a fortiori L’Astrée. L’archet un rien trivial des Baltic Baroque dans les « sonates à Pisendel » laissaient craindre chez ces Estoniens généreux une dérive stylistique vers l'outrance entre adversaires qui paradent, se provoquent, et misent sur la surenchère expressive, ce que laissent craindre les mesures initiales de la première plage de la RV 77 qui ouvre le bal. Le rictus fugace se transforme en sourire quand, après quelques secondes d'agacement, on est captivé. Cet Andante tient du combat du cobra et de la mangouste, l'un et l'autre se tournant autour avec une prudence reptilienne étudiée en une expression rampante faite de crescendos et decrescendos, avec un travail incessant sur la dynamique, des accentuations judicieuses, des pressions et des vitesses d'archets millimétrées. Les violons sont parfaitement maîtrisés et l'ornementation de haute voltige. Pour les RV 68 et RV 71 jouées avec continuo, le doux Maggini de 1627 frotté par Maria Krestinskaya, idéal pour l'intimité d'un dialogue dans les RV 70 et RV 77, laisse place à un instrument contemporain plus ferme. La magie harmonique du clavecin transforme l'oeuvre en véritable concerto. Les deux lions peuvent entrer dans l'arène. Grain juteux, diction précise, discours servi avec une passion et une éloquence bien vivaldiennes. Enthousiasmant.
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