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Diapason # 624 (05/2014)
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Aparté
AP080




 Code-barres / Barcode : 3149028042221
(Classicalacarte ID413)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Jean‑Luc Macia

La première surprise est de découvrir Ophélie Gaillard dirigeant Carl Philipp Emanuel Bach de son violoncelle, avec un aplomb et une vigueur qu'on ne lui soupçonnait pas. Dans le premier mouvement de la cinquième symphonie pour cordes de 1773, les oppositions rythmiques sont dessinées avec une tension implacable, ébranlant la ligne chantante du début. Cette théâtralisation vindicative d'une musique aux affects torturés est du pur Carl Philipp. Les cordes de Pulcinella ‑ pour la première fois entendues en formation aussi étoffée ‑ basculent en un instant d'élans vifs en brusques dépressions sous la houlette de l'excellent Thibault Noailly. Pour préciser le portrait du second fils musicien de Johann Sebastian, on nous offre en fin de disque la Sonate en trio en ut mineur pour deux violons et basse: partition‑phare du Sturm und Drang, le compositeur scénarise dans ses moindres nuances le dialogue d'un sanguin et d'un mélancolique. Colère, moqueries, tristesse sous les archets de Thibault Noailly et Nicolas Mazzoleni, tandis qu'Ophélie Gaillard et le pianoforte de Francesco Corti organisent leurs oppositions avec tact. Ophélie Gaillard aurait pu réunir les trois concertos pour violoncelle et se passer alors de ces deux compléments ; c'était gagner en logique mais perdre la dimension à la fois pédagogique et euphorisante du programme. On ne regrette donc pas trop le Concerto en si bémol majeur que la violoncelliste enregistrera bien un jour. Pour notre bonheur, l'essentiel du CD réside en une lecture pétulante des deux autres. On est happé dès le tutti véhément introduisant chaque mouvement rapide; mais on admire aussi l'art de la relance et de la transition sans lequel la plus généreuse impulsion risque de s'épuiser. La tension percutante de l'orchestre offre un habile faire‑valoir à l'archet plus serein de la soliste‑chef. Et la prise de son translucide, qui combine les deux dans un espace parfaitement construit, en pleine lumière, est un modèle. On est subjugué, une fois encore, par les irisations de son violoncelle, les soubresauts et les incises qu'elle insuffle à la ligne musicale, l'ambiance éthérée mais intranquille des mouvements lents: écoutez dans le Largo du Wq 172 ces oppositions piano et forte avec des trilles diaboliques. Comment ne pas succomber aux affects en cascade qui secouent l'Allegro initial du même Wq 172, ou le finale trépidant et ses volubiles cordes brisées ? Ophélie Gaillard fait jeu égal avec la fameuse lecture du tandem Bylsma/Leonhardt (Erato/Virgin), ce n'est pas un mince compliment.                             

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