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Diapason # 613 (05/2013)
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Hyperion
CDA679012



Code-barres / Barcode: 0034571179018 (ID287)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Gaëtan Naulleau
 

Il y a deux ans, Stephen Layton faisait forte impression dans le Messie malgré la discographie embouteillée. On le connaissait chef de choeur expert avec ses virtuoses de Polyphony, on le découvrait chef tout court. On le savait chez lui dans les musiques de Rutter, Pärt, Taverner, Britten (fantastique album « Sacred and Profane »), on le voyait s’installer sans difficulté dans un univers « historically informed » pour Handel. « Et souvent, au risque de trahir la lettre, l’interprète s’exprime à la première personne», notait Ivan A. Alexandre, conquis par une caractérisation puissante.

Hélas, cette « première personne » reste en retrait du monde de Bach. Layton, en cela, n’est ni le premier ni le dernier. N’est-ce pas aussi l’orchestre — hier un petit ensemble moderne musclé et audacieux, aujourd’hui Age of Enlightenment terriblement routinier — qui fait la différence? Rien à redire, en revanche, au choeur splendide. On ne sait s’il faut reprocher à l’ingénieur du son de lui donner nettement plus de présence qu’à l’orchestre, ou s’il faut voir là un choix habile (par exemple dans un «Schreibe nicht » où l’on devine en arrière-plan des hautbois en roue libre). Peu de bonheurs instrumentaux, et des solos de viole (« Es is vollbracht ») et de violoncelle (« Mein teuer Heiland ») tout juste corrects.

Selon l’humeur, on louera des enchaînements qui partent au quart de tour et des tempos justes — traduisez: « des tempos dont le critique à l’habitude » —,ou on regrettera une conduite qui ne trouve pas le rythme profond de l’oeuvre. Aurait-ce été possible, d’ailleurs, avec Bostridge? Son Evangéliste ramène tout à ses petites émotions, louche sur chaque mot, grimace partout des intentions, respire sans cesse. Porte-t-il enfin une phrase à terme sans rupture? Mais il a changé trois fois de nuance. L’énergie considérable qui anime sa parole ne rayonne pas dans le drame, elle tourne en rond autour de son délicat nombril. L’expression systématiquement appuyée par un vibratello façon coeur sur la main fatigue vite — l’effet perdure sur les « n » ou « m »en fin de mot (« namenn Jesummmm », pittoresque).

Neal Davies fait un Christ plus autoritaire que charismatique, et suit parfois Bostridge sur la voie d’auto-apitoiements. Faut-il vraiment détailler les solistes des airs, qu’on a tous connus bien meilleurs sous d’autres cieux? Ni Sampson (des servie dans « Zerfliesse » par des vents anémiques), ni Iestyn Davies («  Es is vollbracht » aux abonnés absents), ni Mulroy (« Ach mein Sinn » dénervé), ni Williams (musicien, mais hors tessiture) n’apportent beaucoup d’intensité. L’album vaut comme faire valoir d’un choeur magistral.

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