Texte paru dans: / Appeared in:
Hyperion |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Philippe Venturini Comme le rappelle Christoph Wolff dans un texte de présentation très argumenté, la Passion selon saint Jean a subi plusieurs remaniements qui rendent l’établissement d’une édition définitive difficile. Aussi constate- t-on depuis quelques années une addition de versions (1724, 1725, 1728, vers 1739, 1749) qui sont des arguments aussi musicologiques que commerciaux. Stephen Layton s’en tient cependant à un texte classique, celle de la Neue Bach-Ausgabe (nouvelle édition Bach) conservant les premier et dernier choeurs dans leur forme la plus connue. Il propose néanmoins en appendice trois chorals avec accompagnement orchestral qu’il fait entendre a cappella dans le cours de l’oeuvre « suivant une tradition d’interprétation » que le chef cultive depuis une vingtaine d’années informe Hyperion. Cette familiarité avec l’oeuvre s’entend dès les premières mesures. Stephen Layton n’invite pas au concert mais propose de partager une épreuve. Malgré l’absence du « bassono grosso» (contrebasson), la basse continue marque les temps forts comme on monte au calvaire tandis que s’abat une pluie de doubles croches des cordes avant l’appel impatient du choeur. Il existe certes plus expressionniste encore (Gardiner, Harnoncourt) mais pas moins construit. Sans surprise, Ian Bostridge, déjà évangéliste de Matthieu pour Herreweghe (Harmonia Mundi), reste un diseur fabuleux, maître des virgules et des inflexions de voix. Si Carolyn Sampson illumine ses airs comme à l’accoutumée et réussit un « Zerfliebe, mein Herz » en apesanteur, Iestyn Davies se montre un peu affecté (« Von den Stricken meiner Sünden » et Nicholas Mulroy semble à bout de voix (Erwäge) . On le regrette car la conception de Stephen Layton, sans révolutionner notre écoute, révèle sa tenue sur la durée (les scènes de foule, la Crucifixion). Mais, face à une discographie où trônent Gardiner (Soli Deo Gloria), Harnoncourt (Teldec), voire Richter (Archiv), elle ne peut s’imposer au premier rang.
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