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Analyste:
Philippe Ramin
Sous
un nouveau titre évocateur (après « Telemann voyageur virtuose », «
Ferveur et extase », « Hommage pastoral au Roi Soleil »), l'ensemble Amarillis
présente un florilège des pages particulièrement virtuoses et colorées du haut
baroque allemand. Aucun concerto de soliste à l'affiche, mais la reconstruction
du concerto pour hautbois et violon de Bach, la version alternative du
Quatrième Concert brandebourgeois (clavecin en place du violon concertant),
une partition de Telemann pour flûte à bec et traverso, une autre pour hautbois,
violon et deux traversos, il y a là matière à joutes aimables et conversations
raffinées.
Fort d'une sonorité opulente (en dépit d'un effectif relativement restreint)
Amarillis aborde ces oeuvres avec une énergie motrice permanente.
L’extraordinaire maîtrise technique des solistes s'accommode plutôt bien d'une
pulsation plus caractéristique d'ensembles modernes que de la jeune génération
baroque.
Ainsi le dernier
Allegro du Si bémol de Telemann ressemble davantage à une course
effrénée qu'à des échanges brillants et l’Adagio du Do mineur de
Bach à une valse mécanique. On apprécie le charme capiteux du hautbois d'Héloïse
Gaillard, l'agilité sans faille de Violaine Cochard, le sang‑froid d'Alice
Piérot. Indéniablement virtuose, mais en deux dimensions, cet album fait sentir
un fossé culturel préoccupant quand on le rapproche, par exemple, de la vision
enflammée de Musica Antiqua Köln dans un semblable répertoire, manifeste
passionnant d'un art du discours et des affects baroques.
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