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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin Au milieu du prologue, retour à l'onirisme de l’Ouverture: « les Arts élèvent une statue d'or », celle du roi couronné par la Renommée, et Polymnie chante, Révélation! Ce « ballet héroïque » de 1745, qui suit Platée, est érigé à la gloire de Louis XV ‑ Fontenoy oblige ‑ mais c'est aussi un monument d’ peu près tout ce dont Rameau était capable, aidé de l'ingénieux Cahusac, qui sait faire des ballets et de la fête monarchique un théâtre attachant. C'est leur première collaboration et c'est assurément un des plus beaux enfants du Dijonnais: scène sublime au Temple du Destin, floraison rococo des hymnes, vaste chaconne chantée, contrastes, savants et saisissants, éclats et mystère jusque dans la danse. Les actes de cet opéra‑ballet infusent l'éloge du prince dans trois univers littéraires: La Fable (alias la Mythologie) récompense avec Hébé la venu d’Alcide, L’Histoire offre le sujet classique de Stratonice, La Féerie exalte la pacification des pulsions sauvages, la sensibilité faisant ici partie des vertus royales. À la tête de forces hongroises admirablement préparées et éloquentes (Simon Standage tient le premier violon), György Vashegyi équilibre la multiplication des formes par un geste d’architecte souverain. Intelligence du coloris et du délié, articulation qui ne bride pas le port sensitif des phrases, assise ferme mais allure aristocratique: le fils de Polymnie, c'est lui ‑ à qui on doit aussi, avec Anna Scholz et Agnes Pinter, l'établissement de la partition de 1745. La réverbération excessive (au Palais des Arts de
Budapest) n'avantage pas les voix, mais la distribution offre les
personnalités averties dont cette musique a besoin. Tîmbre voluptueusement
tamisé, manière intacte, Véronique Gens rappelle combien Rameau
flatte son sens de la distance. En double héros,, Mathias Vidal s'impose par
sa clarté incisive, son aigu en panache, mais aussi sa délicatesse (air d’Antiochus).
Les rôles plus riches de Chassé, déjèa créateur de Huascar ou de Thésée,
font jouir de la maturation vocale et dramatique du baryton Thomas Dolié :
autorité débonnaire, noblesse et onction (Séleucus), attention aux nuances
(la violence de Zîmès, chasseur malgré lui, est superbement morbide).
D'Aurélia Legay, succédant à mademoiselle Fel, on retient plus le
grain et le verbe impérieux que les entraves vocales et un style
qu'elle a eu plus exact. Est-ce un hasard si l'ariette « sans nuages »
d’Hébé passe ici à Emoke Barath, qui chante comme une des Grâces ?
Disque majeur pourtant, grand exemple de style Louis XV, et qui n’honore pas
moins les Muses de Hongrie que le Centre de Versailles. |
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