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| Appréciation d'ensemble:  | Outil de traduction ~ (Très approximatif) | 
| Analyste: Denis Morrier 
    D’un livre de madrigaux à 
    l'autre, Marenzio, le maître du genre avant Monteverdi, varie le nombre de 
    voix. Si le Consort of Musicke (Musica Oscura, 1998), La Venexiana (Glossa, 
    2010) et René Jacobs (HM, 1987) avaient privilégié les madrigaux « 
    classiques » à cinq, et que Rinaldo Alessandrini se penchait en 2001 sur le 
    premier Livre à quatre voix, La Compagnia se tourne maintenant vers sa 
    production, encore largement inédite, à six. La mezzo‑soprano Elena Biscuola 
    se joint pour l’occasion à ce quintette vocal soudé de longue date et 
    aujourd'hui sans rival dans son domaine. Dans ce recueil de 1591 (comme dans 
    les Responsoria de Gesualdo, par exemple ou La Sestina de 
    Monteverdi), le dispositif inhabituel à six voix facilite les effets 
    concertants, l'opposition de groupes de voix et l'introduction d'effets de 
    masse, parfois impressionnants. Faut‑il détailler une fois de plus la 
    cohésion, la souplesse dynamique et surtout l'intelligibilité que La 
    Compagnia obtient jusque dans les épisodes les plus denses et torturés ? 
    S'il règne au sein de l'ensemble italien une réelle homogénéité de couleur, 
    deux voix se détachent légèrement de la polyphonie: la radieuse soprano 
    Rossana Bertini et la basse profonde Daniele Carnovich, tandis que les 
    autres lignes se fondent dans un harmonieux équilibre intérieur Ce choix 
    révèle en fait l'évolution de l’écriture de Marenzio à la fin de sa vie: il 
    atténue la stricte équivalence des parties pour polariser l'expression sur 
    les deux voix extrêmes, qui conduisent la polyphonie. Les gestes 
    rhétoriques, les oppositions d’idées et les figures expressives coulent de 
    source avec les experts de La Compagnia, qui peuvent se permettre d'appuyer 
    certains effets dans les débordements enthousiastes ‑ les deux sopranos 
    rivalisent en exclamations aiguës dans l'exubérant 
    Leggiadrissima eterna Primavera.
    Cette lecture 
    attentive et inspirée touche au grandiose dans la somptueuse canzone, 
    Baci soavi e cari : l'ambitieuse composition réunit cinq madrigaux dont 
    chacun commence par le mot 
    baci, 
    d'abord énoncé en valeurs 
    longues, puis paré de commentaires polyphoniques renouvelés. Trois madrigaux 
    empruntés à des anthologies contemporaines (1589, 1591 et 1592) complètent 
    ce généreux programme. Espérons que La Compagnia, qui recevait l’an dernier 
    un Diapason d'or 
    pour le premier cahier à cinq 
    voix de Marenzio, poursuivra sans attendre cette réhabilitation 
    discographique. Une intégrale ? Ne rêvons pas, il reste quinze Livres tout 
    de même! | |
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