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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie
Bigorie Sonata est ici à prendre dans le sens de sonare, une pièce à jouer. Le recueil (totalisant 18 sonates) de Giovanni Battista Fontana, imprimé à Venise en 1641, revêt une dimension expérimentale qui combine moments virtuoses dérivés de la tradition ornementale des madrigaux et motets, avec des passages improvisés dont les diminutions se réfèrent au renouveau du style vocal. À cela se greffent d'autres éléments, tels le contrepoint issu de la canzone et des sections de danses en rythmes ternaires. Dans leur récent album « Mille consigli » (Glossa, cf. Classica no 159, « Choc »), Enrico Gatti proposait un panorama de la sonate italienne du XVIIe siècle animé d'une intense poésie en ménageant des clairs obscurs à la Caravage (exact contemporain de notre compositeur). Daniel Cuiller se distinguerait plutôt par un jeu franc et solaire, mais son interprétation ne le cède en rien à la liberté et à là « diction » du violoniste italien. D'autant que Giovanni Battista ne ménage guère son soliste, sollicité d'un registre extrême à l'autre ; il y faut une prestation claire et articulée, parfois contredite par un petit glissando aux inflexions jazzy ou des chromatismes particulièrement expressifs (Sonata 2). Les sonates à deux dessus voient les violons rivaliser d'éloquence, chacun « portant la parole » à la manière d'un colloque sentimental. S'agissant de la basse continue, les musiciens ont choisi clavecin, orgue et violone (la basse de la famille des violons), une option riche en couleurs préférable au seul clavecin (Sonate de Fontana et Castello par John Holloway/ECM). On aurait volontiers poursuivi le voyage au‑delà des 51 minutes…
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