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Diapason # 655 (03/2017)
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Son con ero


 

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
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Analyste: Philippe Ramin

 

En voilà une drôle d'idée ! Invoquer un des compositeurs les plus intimement liés au clavecin et à l'orgue, ce « Chopin du XVIle siècle » (Harry Halbreich) qui leur confie toutes ses oeuvres, et les adapter pour la viole et le violon ? C'est le Partiturbuch Ludwig qui est à l'origine de cette proposition : dans ce recueil offert au Duc de Brunswick­ Lunebourg en 1662, quelques pièces à deux parties semblent écrites pour une telle formation, parmi lesquelles des danses de Froberger.

Il n'en fallait pas plus pour lancer ce séduisant projet, que le talent d'Alice Julien‑Laferrière et Mathilde Vialle rend crédible. Un travail de reconstitu-tion très raffiné intègre des fragments de contrepoint, et reformule certains idiomes du clavier pour étoffer le tissu musical. Si bien que les harmonies troublantes et la posture théâtrale de ces fières toccatas et sarabandes sonnent merveilleusement bien aux cordes. Inattendues dans ce cadre, les variations sur « Auf die Mayerin » y trouvent des accents nouveaux. Les meilleurs clavecinistes savent nous faire imaginer des récits de viole quand leurs doigts déclament les toccatas: nos deux archets prennent le relais avec une belle conviction.

Loin du prêt‑à‑porter stylistique qui fait souvent office de personnalité dans le petit monde de la musique ancienne, l'engagement et le degré de raffinement instrumental forcent ici l'admiration. L'orgue, l'orchestre et le clavecin sont fugitivement évoqués au détour dune cadence ou d'un accord nourri : l'effet de cette lanterne magique est saisissant.

Une sarabande tendue comme un arc rappelle puissamment le Biber du Rosaire (Suite en ré), une gigue sauvage est soutenue par une élocution audacieuse, et toujours élégante. La science des couleurs et la pertinence ornementale ne sont pas en reste, il s'agit là d'une transposition musicale de premier ordre.

Le programme est complété par quelques pièces de maîtres moins connus de l'entourage de Froberger. Zieglern, Briegel et Bernhardt permettent aux deux amies de faire valoir des solos de toute beauté (Corrente en la pour la viole), puis le voyage s'achève sur une curiosité extraordinaire, un prélude de Walther (champion des doubles cordes avant Bach) en pizzicatos « à l'imitation du luth ». Un projet culotté et très abouti. 
 


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