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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
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Analyste: Gaëtan Naulleau Avec des solistes vocaux aussi charismatiques, inspirés, généreux que l'orchestre rouge et ors de Savall, ce doublé Bach‑Vivaldi appelait un Diapason d'or. Restons‑en pourtant à Cinq Diapason, en gardant à l'esprit les sommets de la discographie du Magnificat de Bach. Celui en sol mineur de Vivaldi a été plus modestement servi par le disque, mais ici encore, les deux sopranos manquent d'étoffe pour répondre aux couleurs des instruments, au geste large de Savall, aux jeux de perspective avec les tutti imposants. L'élégance et la lumière ne suffisent pas dans l'Esurientes dialogué, à l'étroit entre leurs clameurs trop nerveuses.
Une captation sur le vif à Versailles explique un certain nombre de scories à l'orchestre, sans conséquence. Savall est merveilleux dans le déploiement des choeurs, il sait jouer du flou de la texture majestueuse (Suscepit Israel) ou des basses ondulantes (Et misericordia) sans noyer le mot. Son Vivaldi brossé à fresque tend un miroir à Tiepolo. Le début surprend toujours: ni trompettes ni timbales ni ré majeur, mais d'emblée le choeur dressant des piliers hiératiques, adagio, autour d'un sombre sol mineur. « Mon âme magnifie le Seigneur »!? Savall exalte l'ambiguïté du tableau: Marie hagarde, transfigurée par les mots de l’Annonciation qui la traversent et résonnent dans le monde entier.
Également en concert, à Fontfroide, le Magnificat de Bach jouit en revanche d'une finition impeccable. La puissance de la vision captive dès le premier choeur, d'une énergie, renversante, sans la moindre dureté, sans rien de vertical dans l'accentuation exaltée. L'acoustique très réverbérée, si elle impose au tutti des allegros assez retenus, ne freine pas son élan. Le choeur nous épate dans l 'ardeur conquérante de l'Omnes generationes comme la douceur du Suscepit Israel en trio ‑ quel chemin parcouru depuis la Messe en si en 2011 (cf. no 612) !
La place
nous manque maintenant pour dire tout notre enthousiasme à propos du
Concerto en ré mineur par Pierre Hantaï, qui n'a peut‑être jamais si
bien joué, si sauvagement, si franchement, si librement. Comme le feu du
concert réussit à celui qui d’habitude s'échine des semaines entières en
studio ! Sous ses mains, avec la repartie non moins géniale de l'orchestre,
c'est bien la pièce instrumentale la plus foisonnante et ombrageuse de l'âge
baroque qui nous saisit. |
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