Texte paru dans: / Appeared in:
Virgin Classics |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie Cliché façon photoshop et audaces vestimentaires Cencic recourt à une recette déjà éprouvée dans ses précédents disques pour accrocher le regard avant d’enchanter les oreilles. C’est que la concurrence est rude désormais dans le cercle jadis très fermé des contre-ténors. Certes, le programme ne déroge pas à l’alternance un peu systématique des airs de fureurs et des lamentos. Mais il promet quelques découvertes centrées sur le thème de la Sérénissime tout en consacrant la maturité d’un chanteur au sommet de ses moyens. La voix — un vrai mezzo — a gagné en grave et sur tout en naturel. Pas de plus bel exemple de cette vocalità admirablement conduite que l’air — aux figuralismes vivaldiens tout droit sortis de l’Hiver — ex trait de La costanza combattuta in amore de Giovanni Porta le souffle agit tel un fil de soie tendu à la limite de la rupture, ce qui n’empêche en rien une précision d’orfèvre dans les accents, des ciselures ouvragées des phonèmes, et un dramatisme sombre du timbre dans la section centrale (« Della notte ») qui déploie un intense feu intérieur sans tomber dans le dolorisme. Plus vulnérable dans les pyrotechnies d’ «Anche in mezzo a perigliosa » attribué à Vivaldi, Cencic a tendance a arracher certains aigus, à poitriner dans le haut du registre. Sur ce terrain, Franco Fagioli surclasse tous ses rivaux... Difficile de trouver un accompagnement plus concerné que celui réalisé par le jeune Riccardo Minasi et son ensemble Il Pomo d’Oro ; ils connaissent (trop?) leur Biondi. On retrouve ici certains excès déjà pointés dans l’album « Bad Guys » de Xavier Sabata (quelle violence dans le martèlement de « Mi vuoi tradir, lo so » ! Le temps devrait y remédier.
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