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Opéra Magazine # 125 (02/2017)
 

Sony 88985302932



Code-barres / Barcode : 0889853029327

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Cyril Mazin

Autant le dire d'emblée, ce florilège très attendu d'airs de Haendel par Sonya Yoncheva, gravé en studio, en juin 2016, déçoit. S'il n'est pas ques­tion de dénigrer la beauté immédiate de la voix, ni l'aisance stylistique admirable de la soprano bulgare, il n'en va vraiment pas de même pour ce qui concerne le soutien d'Alessandro De Marchi et de ses instrumentistes. Comment, face à de telles capacités expressives et à un tel matériau vocal, ont‑ils pu livrer un accompagnement orchestral aussi aride et lénifiant ?
Dès la première plage, le sublime « Se pietà di me non senti» (Giulio Cesare) s'étire sous le poids d'une battue sèche et dénuée de toute sensualité ‑ il faut, pour le coup, absolument réécouter comment              Nikolaus Harnoncourt en magnifiait les courbes pour la Cleopatra de Roberta Alexander, en 1988 ! La longue plainte sinueuse et suspendue d'Alcina («Ah, moi cor schernito sei !») qui suit n'est malheureusement pas mieux servie. L'attaque frontale d’un clavecin sautillant brise, dès le départ, tout espoir d'envol de la voix. Si belle et charnue soit‑elle, celle‑ci n'a aucune opportunité de s'épanouir dans un tel carcan métronomique.

La suave 'Mélancolie de « With darkness deep, as is my woe » (Theodora) subit à peu près le même outrage. Le balancement étriqué de l'orchestre refoule l'émotion et contraint la chanteuse à endiguer la plupart de ses affects (là encore, il faut entendre les subtils épanchements de Nikolaus Harnoncourt pour la Theodora de Robeda Alexander!). Le sémillant « Tornami a vagheggiar» de Morgana (Alcina) ne parvient pas, lui non plus, à séduire. En dépit d'une structure naturellement plus énergique, l'air s'expose de manière factice et se trouve privé du charme piquant auquel il a droit et aspire. Encore une fois, Sonya Yoncheva semble livrée à elle‑même, sans appui, sans guide.
 

Un rien plus dynamique, « Non disperar chi sa ?» (Giulio Cesare) est, sans conteste, l'air le plus réussi du programme. La voix trouve, en effet, quelques occasions de rayonner dans l'aigu et de faire valoir sa véritable amplitude.

Les humeurs contrastées d'Agrippina passent presque à la trappe, faute d'une véritable impulsion du chef sur ses instrumentistes : « Ogni vento ch'al porto la spinga » souffre d'un élan timide et « Pensieri, voi mi tormentate !» traduit bien peu les angoisses de l'impératrice romaine.

Les deux duos avec Karine Deshayes « Io, t'abbraccio» de Rodelinda et « To thee, thou glorious son of worth » de Theodora) n'isolent pas vraiment une complicité vocale mémorable. Comme dans leur récent enregistrement du Stabat Mater de Pergolesi, paru sous la même étiquette …, les timbres ne se marient pas idéalement et les interventions de la mezzo française semblent quelque peu périphériques.

Plus dépouillé, malgré les enluminures dessinées par un violon solo très volubile, « Lascia ch’io pianga» (Rinaldo) vient clôturer le parcours de manière arbitraire et peu originale. En guise de bonus, « When I am laid in earth », extrait de Dido and Aeneas de Purcell, laisse entrevoir, en revanche, quelle superbe reine carthaginoise la soprano pourrait être. Au final, on ne peut qu'espérer que Sony se décidera à offrir à Sonya Yoncheva, pour ses prochaines incursions baroques, des compagnons de route à la hauteur de son considérable talent.

 


 

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