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Diapason # 654 (02/2017)
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Academy of Ancient Music 
AAM005  
CPO 5550112
 

Code-barres / Barcode : 5060340150068

Code-barres / Barcode : 0761203501120

 

 

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Analyste: Philippe Ramin

 

Le manifeste de modernité que pro­lame fièrement le frontispice des éditions de 1623 (Livre I) et 1629 (Livre II) est‑il un hommage à Monteverdi ? A Venise, son collègue Dario Castello, joueur de cornet à San Marco, s'empare de l'art nouveau de la déclamation et des affects de la voix: il s'efforce de couler cette posture expressive dans le langage instrumental. Le modèle des canzone prisées, une génération plus tôt, par Giovanni Gabrieli, ne lui suffit pas.

Son projet fut déterminant dans le développement technique des vents et des cordes chez ses héritiers italiens et allemands comme Schmelzer ou Bertali. Castello aime fractionner chaque sonate en une multitude de sections (parfois sans transition), changer le tempo et la pulsation de manière abrupte, ce qui ajoute à son discours un attrait supplémentaire. Échappe à cette structure la Sonata XV de 1629, qui s'appuie sur un développement en strates fuguées issues d'une belle introduction méditative.


L'équipe de Richard Egarr présente la totalité du premier Livre, et celle de Roland Wilson l'essentiel du second. Les forces en présence sont relativement équivalentes : un cornet supplémentaire et une harpe chez Wilson; une violetta (accordée une octave en dessous du violon) chez Egarr. Aucune flûte à bec, ni à Londres ni à Cologne, car elles n'apparaissent pas dans l'instrumentarium que préconise Casiello.

La principale différence réside dans le maniement de la langue. L’expérience de Roland Wilson dans ce répertoire fait que la réalisation sonore est non seulement somptueuse (en dépit d'accrocs mineurs) mais que la matière du discours s'apparente à une pensée complexe, riche de sens et d'ambiguïtés, assez en accord avec les développe-ments imprévisibles de la musique.

Les épisodes virtuoses en solo semblent s'échapper du cadre contrapuntique : ils sont aussi frappants qu'à l'opéra, les commentaires audacieux de messagères divines (Sonata XVII, violons en écho), une entrée de guerriers (Sonata XVI), un air de Pluton au basson (Sonata X). Cette mise en scène, où une variation de tempo accompagne un changement scénographique, correspond au projet du compositeur évoqué plus haut.

La proposition de l’Academy of An­cient Music est plus facile à appréhender. Ses musiciens emploient des outils expressifs plus convenus, disons valables pour un grand nombre de compositeurs italiens, mais pas véritablement affûtés pour un artiste aussi singulier. Quelques solistes de très haut niveau (fantastique cornet de Josué Melendez) illuminent une présentation aux aspects bien souvent prévisibles. L’alternance de mollesse et de frénésie, la montée en puissance systématique des cadences finales à grand renfort de cordes pincées (un continuo parfois agité sans raison), tout cela est réalisé avec beaucoup de métier mais sans attention particulière aux multiples accents de la langue.

 


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