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Diapason # 654 (02/2017)
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Analyste: Gaëtan Naulleau

Toujours aussi perfectionnistes, concentrés et complices, toujours influencés par l'esthétique de Philippe Herreweghe, mais à l'échelle du choeur de solistes, Lionel Meunier et ses chanteurs mettent le cap sur quatre cantates, dont les trois premières (1707). Le programme insère, entre la consolation éthérée de l’Actus tragicus et les ombres d’Aus der Tiefen, la construction essentiellement polyphonique de la BVW 150, dont Brahms citera la passacaille («Mes jours, passés dans la souffrance, par le Seigneur finiront dans la joie ») dans le finale de sa Symphonie no 4.

L’Actus tragicus est confié à quatre voix, les autres cantates au double, selon le principe des ripiénistes. Les micros les placent, peu ou prou, à la même distance qu'un effectif traditionnel : le gain en définition, des lignes et en présence du texte qu'assure a priori le choeur de solistes n'est pas au rendez‑vous.

Les qualités plastiques qui nous captivaient dans les Musikalisches Exequien de Schütz (cf. no 593) et motets des aïeux Bach (cf no 638) sont intactes. Nos réserves s'évanouissent au milieu de la BWV 131 : un savoir­faire polyphonique exceptionnel permet à Vox Luminis de faire vivre chaque fibre de ce choeur de l'attente ; le jeu des lignes modelées et soutenues anime « en relief » ce contrepoint qui tourne en rond (« J'espère dans le Seigneur, mon âme espère en lui, et je mets mon espoir dans sa parole»). Nouvelle déclinaison de la foi désirante, l'air suivant (la répartition des solos change d'une cantate à l'autre) revient à Reinoud Van Mechelen, dont la variété d'accent, la vivacité de parole surpassent celles de ses collègues. Cela dit, le premier air, absolument linéaire dans la bouche de Sebastian Myrus, force l'admiration.

Le naturel élégiaque de l'ensemble reprend le dessus dans le choeur initial de la BVW 12. Mais cette fois, la boîte à outils de nos polyphonistes ne suffit plus, et le contrechamp instrumental n'instaure aucune tension. Le mouvement ne décolle pas et s'éternise ‑ le tempo choisi n'aide guère. La douleur entêtante que le texte professe et que Bach met en scène se confine dans une affliction agréable («Pleurs et gémissements, tourments et craintes, alarmes et détresse, sont des Chrétiens le pain de larmes »). Il faut le génie d'un Gardiner, encore plus lent, pour y peindre une foule sidérée (SDG). Aux antipodes, la déclamation véhémente des solistes du Cantus Cölln nous donne ici la chair de poule (HM). Nouveau repli élégiaque dans l'air de contre‑ténor, charmant, délicatement phrasé à distance des conflits que l'écriture dessine et que le texte assène sous des allitérations acérées (dialectique de la « croix et la couronne »). Les tempos, tous assez lents, épouseront des caractères modérément affirmés.

Déficit de sens ? Et de rythme, talon d'Achille de Vox Luminis, qui lisse tout un pan de l'écriture dans l’Actus tragicus. Précisons que le choix courageux d'employer un grand orgue, et qui plus est, de faire dans plusieurs airs l'économie d'un violoncelle, ne facilite pas la tâche pour trouver la pulsion motrice qui donnerait des ailes à ces musiciens scrupuleux et subtils.


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