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Diapason # 621 (02/2014)
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Ricercar
 RIC338




Code-barres / Barcode : 5400439003385

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Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Gaëtan Naulleau
 

Album à la croisée des chemins : d’une part sur la voie d’une possible intégrale de la musique instru mentale de Marc Antoine Charpentier, plus copieuse qu’on ne l’imagine (l’éditeur s’était déjà penché sur la multicolore Messe pour plusieurs instruments au lieu des orgues, confiée par l’équipe de Jean Tubery, et sur le Concert à quatre parties de violes, par Mare nostrum) ; de l’autre dans la série de Florence Malgoire sur les débuts de la sonate française, dans les années 1680 et la décennie suivante.

Mais l’ambitieuse et atypique Sonate à huit de Marc Antoine Charpentier déconcerte. Florence Malgoire, entourée de complices de tout premier ordre, laisse flotter le long Grave initial au-dessus de sa belle harmonie et de basses ronflantes (la prise de son n’y est pas pour rien). Le mouvement s’étire, interminable, et contraste avec un Récit de la viole seule curieusement boulé, dans une acoustique qui nous dérobe une bonne partie de ce qui intervient sous l’archet de Guido Balestracci. La noble Sarabande nous réconcilie avec le violiste, les deux pièces pour basse de violon nous ramènent à la prise de son épaisse et distante.

Le meilleur du disque vient avec les dix Noëls sur les instruments, où Charpentier s’approprie un exercice (gloser sur des « timbres » populaires) plus familier chez les organistes de son temps. Jérôme Lejeune a pris à la lettre la registration notée dans l’un d’eux : la partie d orgue revient à un instrument de tribune, auquel répond un ensemble plus fourni qu’à l’habitude. L’éloquence franche de ces musiques tombe sans peine dans les plis d’une lecture sans manières, et le dialogue des groupes instrumentaux gagne en relief avec cet effectif. Quelques noëls confiés à quatre dames du choeur de chambre de Namur apportent en intermèdes leur candeur - on s’ennuierait au fil des innombrables strophes de Chantons je vous en prie si un organiste du talent de Freddy Eicherlberger ne venait pas enluminer chacune par une registration savoureuse ou un contre-chant nouveau.

Le programme s’ouvre sur les cinq pièces Pour un reposoir, qui ponctuaient les processions du Saint-Sacrement lors de la Fête-Dieu. L’Ouverture s’empâte dangereusement ; le Tantum ergo oublie qu’il est conçu comme une pièce d’orgue, s’alanguit et se dilue dans un adagio impressioniste ; l’Amen et la fugue finale nous font regretter la fière déclamation, plus nette et expressive, des archets de Musica Antiqua Köln, dans un album qui s’impose toujours pour découvrir la face cachée de la musique sacrée de Marc Antoine Charpentier (Archiv, Diapason d’or).

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