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Roger-Claude Travers Dans une première livraison de concertos pour cordes (2004, Diapason d’or), Rinaldo Alessandrini se révélait fort inspiré par ces « petits riens », brefs opus dont chacun des quatre mouvements est liquidé en moins de deux minutes. Il s’interroge, dans la notice de cette nouvelle fournée, sur leur destination. Presque tous ces aphorismes concertants datent de la seconde décennie du XVIIIe siècle. Leur composition rapide permit sans doute à Vivaldi, qui menait de front bien des tâches musicales, d’honorer son contrat avec La Pieta l’obligeant à fournir aux figlie trois oeuvres nouvelles par mois, qu’elles devaient étudier en sa présence. D’où le caractère pédagogique des plus naïves, qui reposent sur la répétition d’une certaine formule rythmique ou d’un intervalle savamment choisi (dans l’Adagio du RV 166 par exemple). Six concertos sur les onze au programme sont empruntés au « manuscrit de Paris », réunissant douze concertos vendus « bien cher » vers 1725 par Vivaldi à un visiteur français. L’hommage de quelques notes pointées n’est donc pas surprenant. Standage, Marcon, Sardelli, Mintz jadis, ont gravé la plupart d’entre eux. De grandes versions du passé restent dans les mémoires, Harnoncourt pour le RV 157, Ephrikian pour le RV 160 ou même Scimone pour l’enjôleur RV 128. Une lecture mordante et précise, à un instrument par partie, permet à Alessandrini de livrer une description convaincante de la petite mécanique interne. Idéale pour mettre en relief, par exemple, le fugaro du RV 134. Le traitement des basses est ingénieux, confiant volontiers l’accompagnement des motifs mélodiques au théorbe tandis que le clavecin souligne avec des accords vifs les sections rythmiques. Le message musical et
esthétique, qui respecte à merveille les codes rhétoriques du genre,
comblait sans nul doute les attentes de son premier public, ses élèves
affamées de musique nouvelle. Sous la patte habile d’Alessandrini, le
plaisir reste intact.
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