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Analyste:
Gaëtan Naulleau Pénitence ou gloire éclatante ? Sur quel pied danser dans un Kyrie destiné au matin de Pâques et à la fastueuse cour de Dresde ? Zelenka répond en virtuose de la rhétorique au début d’une messe de 1726, inédite et réjouissante : entrée tambour battant avec trompettes ponctuée par les acclamations du choeur, puis une dissonance a priori anodine s’immisce dans le tableau, l’amplifie et peu à peu fait basculer le caractère. Quand les solistes prennent la parole, une minute après le début du mouvement, la prière intime a déjà pris le dessus, sans rupture. La Missa paschalis
porte partout l’empreinte d’un brillant stratège musical. Zelenka jongle
avec les figures obligées et cultive l’illusion d une écriture simple, sans
arrière-pensée, pour prendre 1’auditeur par surprise avec un changement
d’idée discret ou brusque, une queue de poisson harmonique, ou à l’inverse
en ressassant un motif que l’on croyait épuisé : l’introduction télescopique
du Gloria cumule les séquences de telle sorte qu’on se demande quand
le choeur va surgir enfin. La messe s’articule en numéros brefs (une minute
trente en moyenne) mais s’unifie par un souffle constant — souffle qui
repose aussi sur la direction généreuse d’Adam Viktora, décidément parfait à
chaque étape de cette série (cf no. 546 et 589). Avec son orchestre chamarré
(fantastiques trompettes des frères Rux), la partition tend un miroir aux
grandes fresques du baroque allemand et autrichien. Elle nous renseigne
aussi sur les goûts de la cour saxonne peu de temps avant que Bach lui
adresse le Kyrie et le Gloria (1733) de ce qui deviendra la
Messe en si. |
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