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Diapason # 653 (01/2017)
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Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

 

Ceux qui pensent que la musique ancienne, depuis qu'elle est entrée dans les Conservatoires, n'est plus le terrain d'expérimentation qu'elle fut au temps des grands pionniers, devraient écouter d'urgence cet album! Voilà de l'inouï, de l'inattendu : une invitation à reconsidérer l'image sonore que l'on se faisait des premiers répertoires pour violon,

En 2012, Baptiste Romain (au violon Renaissance) et son Miroir de Musique ouvraient la voie avec un récital consacré à « La Naissance du violon » (Ricercar, cf no 612). Les Sonadori se sont penchés sur un autre aspect de cette genèse : celui des ensembles homogènes de cette famille d'instruments, les bande ou compagnie di violini, développés au XVIe siècle en Italie puis appréciés dans toute l'Europe. Alain Gervreau, tout à la fois interprète et chercheur, et cinq autres éminents concertistes (Odile Edouard, Béatrice Linon, Sarah Van Oudenhove, Nicolas Sansarlat et Hervé Douchy) se sont emparés d'un instrumentarium inédit, construit à leur intention: six déclinaisons de la famille du vioIon, de tailles, tessitures et accords variables, de l'exilande suraigu à trois cordes, jusqu'à la grande basse à cinq cordes en si bémol avec, pour les parties médianes, soprano, alto, contralto et bassetto di violino.

Leurs instruments sont soit reconstitués à partir de traités anciens, soit inspirés des « anges de Freiberg ». Leur histoire est étonnante : lors de la récente restauration de la chapelle funéraire des ducs de Saxe, les luths, harpes, cornets, trompettes, violons, etc. que portaient les anges musiciens sous les voûtes se sont avérés être de véritables instruments, simplement stuqués et dorés ! Une collection unique, dans son état originel du XVIe siècle, nous est ainsi parvenue. Témoignage inestimable, inespéré, et palette ... déroutante.

Armé d'un admirable courage (car la prise de risque, en particulier pour l'intonation, s'avérait grande), les Sonadori relisent à travers ces sonorités pénétrantes, nettement plus « nasales » que dans nos habitudes, les répertoires usuels des premiers ensembles à cordes de l'Histoire: musiques à danser, tant italiennes (suave Celeste Giglio sur l'air de la Monica) que françaises (Branles et Fagots où l'exilande fait sensation en doublant le violon à l'octave supérieure), madrigaux et chansons polyphoniques (troublant Tous les regrets de Gombert, empli de dissonances saisissantes et de fausses relations simultanées), mais aussi motets liturgiques (délicat Ave regina coelorum de Dufay) et autres musiques de procession. Et la projection très singulière du timbre sur ces violons s'accommode d'admirables raffinements d'articulation et d'ornementation.

Avec ce répertoire aussi large qu’édifiant (mais limité au strict XVIe siècle), l'expérience sonore s'avère une vraie réussite. Elle s'étendra, n'en doutons pas, vers le premier Baroque. A suivre.


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