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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Luca Dupont-Spirio Trois Dixit Dominus: le premier des trois Vivaldi, le bref Mozart de 1774, couplé au Magnificat qui l'accompagne, et le tube du jeune Handel italien. Un même texte le Psaume CX, qui annonce, au début des vêpres, l'intronisation du Christ à la droite du Père, et joint à leur domination majestueuse le spectacle d'un roi tout puissant - « il exerce la justice parmi les nations : tout est plein de cadavres; il brise des têtes sur toute l'étendue du pays. » Jordi Savall reste unique. Quel autre chef, avec une pulsation aussi relâchée, une articulation aussi sommaire que celles du Et in saecula - version Vivaldi - enveloppe l'auditeur dans un bain sonore aussi gratifiant ? Même les choeurs du Magnificat mozartien, à leur manière, ne sont pas sans grandeur ni drame, malgré un dessin lisse et peu contrasté. Là où l'oreille cherche ses marques à la surface des accents, Savall, la persuade de se laisser bercer par un mouvement subtil. Le choeur suave de la Capella Reial de Catalunya n'y est pas pour rien, et on jouerait même le jeu, à ce compte, d'oublier un instant les élans guerriers du Handel dans une contemplation caressante - le Tu es sacerdos pouvant particulièrement s'y prêter. Hélas, il est une option que même les plus sensibles à cette approche auront du mal à défendre: pourquoi s'entourer de solistes aussi modestes ? Marta Mathéu n'est pas avare de grâces dans le De torrente - Handel -, mais les vocalises du mouvement inaugural lui imposent bien de la prudence. Le timbre aigre, l'intonation incertaine, l'absence de souplesse et de conduite d’Anthony Roth Costanzo gênent autant dans le Virgam virtutis que chez Vivaldi, dans les arpèges a cappella du Judicabit - le triomphal tourne ici au comique. Aigus fragiles et peu de chair du côté d'Hanna Bayodi-Hirt; à force, l'enchantement des tutti se rompt et l'on devient plus attentif à ce qui manque (de verve et d'aspérités) à la direction de Savall - mollesse prévisible, notamment, du Gloria Patri chez Handel. Les distributions des albums précédents (Magnificat de Bach, Messe en si, Missa assumpta est Maria de Charpentier) étaient toutes inégales, mais aucune à ce point. Espérons que le maître catalan prendra le temps de recruter, pour son prochain disque, des personnalités vocales à sa mesure.
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