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Diapason # 620 (01/2014)
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Aeolus
 AE10067




Code-barres / Barcode : 4026798100674

 

Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Philippe Ramin
 

Les concertos de Bach réussissent aux clavecinistes venus du nord. Le Danois Lars Ulrik Mortensen realisait il y a quelques années, pour CPO, une splendide intégrale, à laquelle répond celle en cours du Finlandais Aapo Häkkinen. Sirkka-Liisa Kaakinen-Pilch apparaît dans les deux enregistrements, comme premier violon : Mortensen lui confiait les rênes d’une formation traditionnelle, quand Häkkinen préfère s’en tenir à un groupe de solistes.

Le nouveau venu se démarque également par le choix d’insérer un orgue positif dans l’effectif instrumental, et en jouant un clavecin pourvu d’un registre de seize pieds (à l’octave grave). Bach connaissait et appréciait très probablement ces instruments encore assez mal aimés aujourd’hui. Andreas Staier s’en est fait l’avocat le plus connu depuis quelques années, et il vient d’ailleurs d’enregistrer lui aussi ces mêmes concertos. La comparaison avec Häkkinen devrait être passionnante. Le résultat sonore sera forcément très différent, Staier optant pour un orchestre de chambre.

Häkkinen sur un instrument de Rutkowski d’après Hass, domine le dialogue sans effort. Les quelques cordes tiennent le rôle d’une amplification plutôt que d’une contrepartie, ou d’un rival. L’approche expressive est originale et toujours subtile. La partie de violon du quatrième Brandebourgeois adaptée par Bach pour le clavecin sonne de manière lumineuse, la variété des respirations témoigne d’un discours réellement imaginatif. Le claveciniste finlandais fait très bien sentir les niveaux d’écriture (le contrepoint strict se dilue parfois dans un continuo plus ou moins noté), et orne avec talent les endroits propices à l’improvisation. La densité sonore apportée par le seize pieds confère une splendide autorité aux mouvements extrêmes du Ré majeur : l’oeuvre n’a jamais paru aussi éloignée de sa version originale pour violon, et pourtant cette couleur sombre et dramatique lui réussit.

On remarquera une belle inventivité des cordes, un sens aigu du cantabile, d’excellentes idées d’articulation et de caractère dans les mouvements lents. Côté compléments, l’instrument joué par Häkkinen flatte la spectaculaire Fantaisie BWV9O6, mais réussit moins au premier mouvement du concerto de Wilhelm Friedemann Bach.

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