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Diapason # 579 (04/2010)
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Alpha 650



Code-barres / Barcode: 3760014196508 (ID24)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Xavier Bisaro
 

Mystère de Rameau: son oeuvre musicale et théorique éblouit, alors que sa vie passée à toucher des orgues en province ou à Paris n’a laissé que de maigres souvenirs littéraires. En cela, le musicien confirme le cliché voulant que les splendides instruments du XVIIe siècle ne suscitèrent qu’un répertoire transparent. De récentes réalisations dans le domaine des noêls ont certes permis de lever un coin du voile (Tchebourkina pour Daquin et Beauvarlet notamment), mais la contribution de Rechsteiner est autrement décisive. Ses transcriptions (euphémisme) donnent naissance à un répertoire captivant, grâce notamment à des initiatives particulièrement ingénieuses dans les arrangements.

Si l’exécution à l’orgue de pièces de Lully, Charpentier ou Rameau avait déjà tenté plusieurs interprètes, aucun n’y avait mis une telle technique (articulations des traits sur le cornet stupéfiantes de précision, cromorne ou hautbois parlant sans jamais hésiter, phrasés toujours souples), une telle volonté de faire sonner l’instrument-roi à l’égal des meilleurs ensembles de musique ancienne... et simplement une telle musicalité. Cette transposition de fragments d’opéras redonne vie à la musique lyrique de Rameau telle qu’elle circulait en son temps sous les doigts de Balbastre aux Tuileries autant que dans la musique d’église (cf n°557, la messe de Denoyé gravée par Maitin Gester). Et cela fonctionne encore pour nous : l’étonnement de retrouver le finale furieux de Platée ou les guirlandes tendrement entremêlées du quatuor des Indes galantes sous un jour nouveau cède bien vite au constat de la parfaite adéquation esthétique entre cette musique et l’orgue.

Au fil d’un programme qui s’écoute d’un trait, l’auditeur se trouve plongé dans l’atmosphère vibrante des grandes églises parisiennes du XVIIIe siècle à l’approche de Noël, ou bien dans celle non moins enthousiaste du Concert Spirituel. L’échauffement progressif des doubles, la noblesse des récits, le pittoresque jamais ridicule des musettes et autres tambourins (souvent enrichis de percussions), l’envolée irrésistible des pièces sur le grand-jeu: tout est là pour que l’orgue des Lumières recouvre la dignité et la puissance émotive que son siècle lui attribuait et que nous peinions à reconnaître.

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