Cet enregistrement de l'opéra de Jason et Médée de Cavalli a suivi les
représentations du Festival d'Innsbruck, un courageux effort, qui est
parvenu à faire revivre un des opéras vénitiens du XVII, siècle les plus
importants. Comme il en a coutume avec l'opéra ancien, l'approche de René
Jacobs est loin d'être celle d'un puriste, bien que le résultat en soit
moins dramatique et regrettable que celle de Garrido. Le continuo est moins
flamboyant (bien que la harpe constitue un anachronisme), mais l'ajout
systématique de flûtes à bec aux cordes va à l'encontre du but plus subtil
de celles-ci et Jacobs n'a pu résister à étoffer la texture des cordes dans
certains airs ni à inverser l'ordre de deux scènes à la fin de l'Acte II.
Les chanteurs
sont en règle générale satisfaisants, mais souffrent d'un manque de
projection du texte et de caractérisation vocale. L’exception la plus
notable est celle de Dominique Visse dans le rôle de Delfa, la vieille nurse
de Médée, portrait outré que l'on pourra trouver exagéré ; Gianpaolo Fagotto
en fait lui aussi beaucoup dans le rôle comique de Demo, le nain bègue. La
Médée de Gloria Banditelli est chantée avec force, mais elle n'a pas encore
la discipline et le caractère dont elle fait preuve dans le rôle de
Pénélope. Je soupçonne Michael Chance de n'avoir eu à l'époque que peu
d'expérience de la scène, c'est du moins ce que peut faire penser son
interprétation du rôle de Jason, certes compétente. mais unidimensionnelle.
Dubosc campe une Hypsipyle touchante qui prend une stature réellement
tragique dans l'air déchirant de l'Acte Il « Speranze fuggite », une
réponse aux moqueries cruelles de Jason et Médée. Agnès Mellon, qui nous
donne une Alinda délicieusement mutine et un Cupidon enchanteur, sort elle
aussi du lot. Ce n'est certes en aucun cas un enregistrement parfait, mais
il n'en rend néanmoins pas moins justice à un opéra à facettes multiples qui
garde son caractère de divertissement.
Brian Robins
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This
recording of Cavall’s Jason and Medea opera followed in the wake of
perrformances given at the Innsbruck FIstival, a brave and largely
successful effort to revive one of the most influential of seventeenth
century Venetian operas. As is his wont with earlly opera, René jacobs'
approach is far from purist, though less dramatically and damagingly so than
that of Garrido The continuo group is less flamboyantly constituted
(although the harp is anachronistic), but the persistent addition of
recorders to the string ensemble works against their more subtle purpose and
Jacobs was unable to resist filling out the string texture in some arias or
the temptation to change the order of two scenes at the end of Act 2.
The singing
is generally satisfactory, but suffers overall from weak projection of the
text and vocal characterisation. One notable exception is Visse's camped‑up
portrayal of the Medea's old nurse Delfa, which some might find over‑acted,
while Fagotte also makes much of the comic role of the stuttering dwarf
Demo. Banditelli's Medea is strongly sung, but her singing had yet to attain
the discipline and character she displays as Penelope. I suspect that Chance
had little stage experience at this time; certainly his capable, but
one‑dinensional Giasone suggests as much. Dubosc is a touching Isifile who
rises to true tragic stature in the heart-breakingly lovely Act 2 aria “Speranze
fuggite”, a response to the cruel mockery she sustains at the hands of
Jasdon and Medea. The other singer to particularly catch the ear is Agèes
Mellon, who contributes a delightfully pert Alinda and an enchantingly sung
Amore. Not a perfect recording by any means, but one that certainly does
overall justice to this wonderfully multi-faceted and endlessly entertaining
opera.
Brian Robins
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