Critique:
Dinko Fabris
Comme c'est souvent le cas de cette interprète sensible et cultivée, la voix
de Maria Cristina Kiehr est dans cet enregistrement tout simplement
délicieuse, par sa capacité de passer avec naturel des nuances graves et
douloureuses de la lamentation à la tessiture aiguë la plus cristalline. Les
musiciens de l'ensemble instrumental sont également excellents ; il s'agit
de certains des plus célèbres interprètes de musique baroque européenne :
Nasillo au violoncelle, Galassi à la harpe, les violonistes Ciccolini et
Focardi, ainsi que I'archiluth de Spaeter, dirigés par Jean‑Marc Aymes au
clavecin.
Ce qui est
moins convaincant, c'est le choix du programme enregistré, qui n'est pas
toujours intéressant, et qui nous montre une fois de plus combien il est
difficile de bien servir la renommée d'Alessandro Scarlatti. Ceci est
peut‑être également dû en partie au fait que, comme l'explique Reinhard
Strohm, deux des trois cantates interprétées ici, Bella madre et
Correa nel seno amato, ne sont pas des oeuvres attribuées avec certitude
au compositeur de Palerme. La cantate la plus intéressante, pour son
inhérente dramaturgie et sa virtuosité chromatique, est en réalité Poi
che riseppe Orfeo, dont le texte présente le mythique chanteur au moment
où il est surpris par la tragique nouvelle de la mort d'Eurydice. La cantate
qui donne son titre au disque, composée sur un élégant texte arcadien qui
décrit les tourments de l'amour de Clori pour son Filène adoré, possède un
thème récurrent qui accroît les doutes concernant son authenticité, car il
semble presque une paraphrase de l'incipit du Stabat Mater de
Pergolèse : véritable symbole de la musique sacrée napolitaine, il convient
assez mal à une cantate profane qui aurait en principe été composée à Rome
vers 1690.
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Reviewer:
Dinko Fabris
As is usually the case with this refined and sensitive performer, Maria
Cristina Kiehr’s voice in these cantatas is simply delightful. She has the
capacity to naturally pass from the pathetic and low ranges of the lament,
to a more crystalline, higher range. The musicians forming the instrumental
ensemble are also excellent; in fact, the group is made up of some of the
best known performers of European Baroque music: Nasillo on the violoncello,
Galassi the harp, and the violinists Ciccolini and Focardi, as well as
Spaeter on the archlute, with Jean-Marc Aymes conducting from the
harpsichord.
However,
the selection of music recorded is not completely convincing. It is not
always interesting and once again demonstrates how hard it is to do justice
to the fame of Alessandro Scarlatti. As Reinhard Strohm explains, perhaps
this is partly due to the fact that two of the three cantatas performed,
Bella madre, and Correa nel seno amato cannot be unequivocally
attributed to the composer from Palermo. The most interesting work is in
fact Por che riseppe Orfeo. Full of inherent drama and chromatic
virtuosity, its text describes the mythical cantor at the moment he learns
of the tragic news of the death of Euridice. The cantata that lends its name
to the title of the disc, composed to an elegant Arcadian text describing
the torment of Cloris’s love for her cherished Fileno, contains a recurring
theme that raises even more doubts with respect to its authenticity. It is
almost a paraphrase of the incipit to Pergolesi's Stabat Mater, which
being one of the canonic works of the Neapolitan sacred style, does not make
it well suited to a secular cantata supposedly composed in Rome around 1690.
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