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Diapason # 490 (03/2000)
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Harmonia Mundi
HMG 507269




Code-barres / Barcode: 3149020726914
 

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: David Fiala

Serait‑ce pour brouiller l'imagerie angélique qui semble colle à leur voix que les chanteuse d'Anonyrnous 4 ont décidé d'inscrire leur nouvel enregistrement consacré à l'organiste florentin Francesco Landini, sous le signe du deuxième cercle de l'Enfer de Dante ? Qu'on se rassure, sous la plume du plus grand compositeur italien du trecento, la torture des amants lascifs est aussi douce à l'oreille que les fresques de Giotto sont fascinantes pour l'oeil, plainte courtoisement nostalgique plus que vision hallucinée.

 

Ce tout premier enregistrement intégralement consacré à Landini offre enfin un panorama digne de ses quelques cent‑quarante ballate, de celles à deux voix égales, relativement simples, brèves et dansantes, célébrant la beauté de la femme, à celles à trois voix, plus développées dans l'expression lyrique du tourment amoureux, dont la texture contrapuntique de plus en plus hétérogène (avec une, puis deux parties graves sans textes dans les sources originales, aux contours mélodiques plus anguleux et discontinus) trahit l'influence progressive de l'ars nova française.

 

Modèles d'unité et de fusion dans les textures homogènes, les chanteuses d'Anonymous 4 vocalisent avec grâce et souplesse sur les parties inférieures des pièces plus complexes (étonnante et superbe douceur flûtée des vocalise bouche fermée de « Non do la colp' a te », no 5), dans la lignée d'interprétation a capella de ces parties longtemps considérées comme instrumentale défendue et illustrée par Christopher Page et ses Gothic Voices. Outre que cette esthétique est encore discutée, son principal désavantage est la relative monotonie qu’elle engendre, surtout quand les combinaisons vocales sont limitées aux seules voix de femmes et que le programme ne réserve aucune respiration instrumentale, alors même qu'il célèbre le plus fameux organiste d son temps.

 

Mais passé cette impression globale, on se délecte sans réserve de la subtile variété stylistique et du génie poétique et mélodique d'un des plu grands compositeurs du XIVe siècle auquel les chanteuses d'Anonymous 4 rendent justice avec tout le soin et le talent qu'on leur connaît, tant dans le choix des pièces et des tempos, que dans la justesse d'intonation et d'expression. La notice de Susan Hellauer offre un bon guide d'écoute. Un disque exigeant mais fondamental.

 

 


 

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