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Analyste: Ivan A. Alexandre Vendredi 18 mars 1949 Alfred Deller enregistre pour His Master’s Voice son premier 78 tours, Music for a while. Jeudi 8 mars (ou dimanche 8 avril, il y a débat) 1979 : il enregistre pour Harmonia Mundi son dernier 33 tours, Music for a while. Trente ans, un même ground hypnotique, une même louange de Dryden: «La musique, un moment/Trompera vos tourments... ». Entre ces bornes occultes une vie a passé, la vie glorieuse d’un fondateur et d’une légende.
Ce
testament archiconnu, qui voit le pionnier Deller passer le relais au
conquérant Christie, n’a jamais quitté les bacs. Voici quelques années,
l’éditeur y a judicieusement adjoint le song «O Solitude» tiré
d’un album de peu antérieur (sans Kuijken ni Christie). C’est dans cet état
définitif qu’il nous revient à prix doux, enrichi pour son passage en
collection « Gold» des témoignages de Harnoncourt, Leonhardt, Jacobs,
Elliott et Coutaz tirés du coffret « Portrait of a Legend » paru en
2003. On y retrouve, dans des pages mille fois lues en studio comme en
public, le dernier Deller, verbe expansif, voix meurtrie, timbre et style
intacts mais traversés de « bowmanismes » (résonance nasale, aigu éludé) et
poussés par une urgence qu’ignorait l’ange de 1950. Moins de lumière, plus
de sang : l’humanité a pris possession de ce chant divin qui, encore trois
décennies plus tard, nous touche et nous parle identiquement. Un chant monté
de la maison Purcell comme si nous y étions. Quelques semaines plus tard, le
16 juillet 1979, le premier contre-ténor moderne succombait à une crise
cardiaque. Music. . . for a while. |
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