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Outil de traduction ) |
Analyste: Roger Tellart Décidément, les « Madrigaux italiens » ont bien de la chance au disque, cette version du Cantus Cölln occupant un terrain complémentaire ‑ côté style, expressivité face à la récente gravure de l'Orlando di Lasso Ensemble, si justement distinguée par un Diapason d'or pour son engagement maniériste et ses voluptés quasi gésulaldiennes (cf. Diapason no 457). Là présente lecture semblera à beaucoup bien sage, comparée à la vision précieuse et proprement « inouïe » (ne serait‑ce que par le choix d'un diapason très élevé, à 492 Hz) des Lasso. Pourtant, les nouveaux venus savent également faire vibrer la touche sensible des affects (superbe D'orrida selce alpina) et colorer leur palette d'un luminisme stimulant, dans l'exacte perspective requise par ce travail d'élève surdoué (le professeur s'appelant ici Giovanni Gabrieli). Immergé dans la foisonnante vie musicale du Veneto, le jeune Schütz s'enivre alors de sonorités et d'harmonies heureuses, à l'enseigne de la « belle manière » ‑ celle proposée par l'école des grands virtuosi du genre ‑ et le grand mérite du Cantus est précisément de magnifier cette manière avec d'autres arguments que ceux des Lasso.
Reste qu'au moment du choix, les options esthétiques de ces derniers, qui développent au long de leur approche un songe ébloui et hédoniste, parlent irrésistiblement en leur faveur, avec, entre autres, les prouesses des voix supérieures, où brille le soprano incroyablement affûté de Mona Spägele. Le chant du Cantus me paraît moins soucieux de poursuivre comme eux la belle utopie d'une Arcadie retrouvée que de suivre sa pente naturelle, où la peinture du mot reste l'objectif majeur. Il n'empêche que le bonheur harmonique et figuraliste où nous fait entrer le groupe rhénan n'est pas rien, qui comblera d'aise les délicats, les raffinés et tous les « connaisseurs au goût favorable » comme eût dit le Sagittarius.
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